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Notre première Diagonale de France à vélo à 2: Brest – Perpignan

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Notre première Diagonale de France à vélo à 2: Brest – Perpignan

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C’est en fin d’année 2016 qu’a germé dans nos têtes l’idée de la Diagonale de France à vélo… Faire une Diagonale en couple, en voilà un beau projet pour la saison qui s’annonce.

Le choix de notre Diagonale de France à vélo

Chéri était Ok à condition que je choisisse une Diagonale de France à vélo qu’il n’avait pas déjà réalisée. Un 1er temps, mon choix s’était arrêté sur Brest-Strasbourg mais au final et après réflexions, notre itinéraire partira bien de Brest mais se rendra à Perpignan. Une fois de plus, Didier me laisse le choix de la Diagonale de France à vélo.
A moi les commandes concernant l’itinéraire, le découpage des étapes, le choix des hôtels… Lui se laisse porter par mon enthousiasme. Quelle liberté mais quelle responsabilité ! C’est ma 1ère Diagonale de France à vélo, je n’y connais rien et je vais donc devoir tout apprendre sur le tas. Nous avons la chance d’être entourés de diagonalistes connus et reconnus et ceux-ci vont m’aiguiller au fil des mois. Chéri posera la touche finale quand arrive l’élaboration du plan de route et du choix des points de contrôle.

Notre Diagonale de France à vélo Brest – Perpignan

Notre voyage comportera 4 étapes avec hôtel réservé pour chaque soir. Ce sont les vacances tout de même !!

  1. Brest – Machecoul => 320 km
  2. Machecoul – Libourne => 300 km
  3. Libourne – Muret => 255 km
  4. Muret – Perpignan => 195 km

Il n’y a rien d’exceptionnel à ce qu’une femme réussisse à faire de la longue distanceNous fixons la date de départ au 16/08/17 à 4h30. C’est donc le 15 que nous arrivons sur Brest accompagnés de Jean-Hervé et Maryse à qui nous confions notre voiture et la mission de venir nous rechercher 4j plus tard à Perpignan… Ceux-ci ont également découpé leur voyage en 4 étapes, s’arrêtant chez des amis différents chaque soir le long de leur trajet…

Jour 1: Diagonale de France à vélo

Autant les nuits pré PBP avaient été mouvementées en 2015, autant je me sens confiante de partir sur les routes en compagnie de Chéri cette année. C’est donc bien reposés que nous nous présentons au commissariat de Brest à 4h30 pétante, réveillant au passage le planton de nuit. Le pointage ne nous prend pas plus de 5mn et nous voilà lancés dans les rues de Brest… 
Mon vélo est peu chargé par rapport à celui de Didier. J’ai opté pour les sacoches avant Apidura afin de transporter mes vêtements de nuit et de rechange… Didier lui, c’était le deal de départ, porte tout le reste de notre cargaison dans ses habituelles sacoches accrochées sur le porte bagage arrière du vélo… Nous les avons pesées avant le départ : il en a pour 11kg contre à peine 3 pour moi. Ainsi, les forces sont un peu rééquilibrées… En encore, je n’arrive pas à le suivre dans les côtes !!!
Dès la traversée de Brest, son vélo nous fait peur. Il fait du bruit… Pourvu que la soudure faite sur le hauban arrière avant de partir tienne le coup… Nous nous rendrons compte un peu après que ce sont en fait les plateaux qui « grincent », me voilà rassurée…
Diagonale de France à Vélo à BrestL’avantage de partir si tôt le matin, c’est que nous ne perdons pas de temps dans la traversée de la ville. J’ai volontairement opté pour un passage par Carhaix et donc par le Roc’h Trevezel… Comme un clin d’œil au parcours de PBP que nous aimons tant… Je la redoutais un peu cette montée. En 2015, elle m’avait paru interminable… Depuis, j’ai certes fait des progrès mais tout de même… Nous atteignons l’émetteur au lever du jour et nous apercevons au passage que ce que nous appelons tous communément Roc’h Trevezel se nomme en fait Roc’h Tredudon !! Soit, il va falloir changer nos habitudes…
Depuis 2014 que je fais du vélo, je n’ai toujours roulé que sur des BRM avec des contrôles tous les 70-80 kms… Les pointages positionnés tous les 120 km me perturbent un peu… J’ai peur de trouver le temps long… Je dois trouver mes marques. Rien ne nous interdit de nous arrêter hors point de contrôle me direz-vous mais ce n’est pas vraiment dans les habitudes de la famille. Didier est une machine à rouler. Peu lui importe la distance à parcourir… Finalement, et à ma grande surprise, nous atteignons sans que je ne m’en rende compte la petite bourgade de Pluméliau à 12h15. C’est l’heure parfaite pour avaler un sandwich… Les repas… Voici un autre sujet de questionnement… J’ai toujours peur de ne pas trouver à manger !! Je suis très vigilante sur le sujet au risque parfois d’être un peu pénible…Diagonale de France à Vélo à Brest
Le vent nous poussant gentiment, nous avons engrangé un peu d’avance sur notre tableau de marche. Tant mieux car je me rends vite compte que je n’ai pas prévu de pause repas pour le soir avant d’arriver à notre chambre d’hôte.
Toute l’après-midi, nous nous régalons des paysages bretons et de toutes ces belles églises en granit… Que la France est belle. Nous avons la chance de ne pas avoir trop de circulation et arrivons sans encombre à Montoir de Bretagne un peu après 17h30. 
Déjà 264 km de parcourus depuis ce matin. Le moral est bon. Nous remplissons les bidons au café faute d’avoir trouvé une boulangerie, et tapons dans la réserve des sacoches pour nous restaurer. Ça y est, les bagages de Chéri s’allègent déjà !!
18h: nous voilà parti à l’assaut de ce que je qualifierais de point dur du parcours : le pont de Saint- Nazaire… Nous avons tout entendu sur le sujet et je suis assez inquiète… Je suis très impressionnée… Didier tente de me rassurer mais rien n’y fait… Je suis en stress…
Diagonale de France à Vélo Pont de Saint Nazaire
Stress, qui s’évanouira très vite tant j’ai trouvé cela peut- être pas facile mais au moins pas trop compliqué. Certes, la bande cyclable n’est pas bien large mais nous avons la chance qu’il n’y ait pas trop de vent et, pas non plus, d’automobilistes nerveux… La montée se fait donc sans soucis et nous prenons le temps en haut d’immortaliser l’instant… De l’autre côté, nous trouvons en revanche une circulation plus dense. Pas de doute, nous avons quitté les douces terres bretonnes pour le fronton de mer plus agité…
18h55 : St Brevin les Pins… Un Mac Do… C’est décidé notre repas du soir ne sera pas gastronomique mais il aura l’avantage de nous remplir l’estomac en moins d’une heure d’arrêt. J’en profite pour appeler notre chambre d’hôte afin d’avertir le propriétaire de notre arrivée. Il nous reste encore une bonne quarantaine de km avant de rejoindre Machecoul. Nous ne chômons pas et arrivons chez notre logeur avec 1h d’avance sur nos prévisions… Le monsieur est d’une grande gentillesse et nous propose de se lever le lendemain matin à 4h afin de préparer nos petit-déjeuners. Nous sommes assez gênés et refusons dans un 1er temps mais ce dernier ne lâche rien. Nous nous accordons finalement sur un petit déj’ à 4h30. Au moins, nous partirons le ventre bien rempli…
Une bonne douche et au lit. Il est 22h30 et notre 1ère étape s’est déroulée à merveille. 320 km de parcourus dans la journée et 2980m de dénivelé d’avalé. L’étape de demain devrait être plus plate mais la météo moins bonne…

Jour 2: Diagonale de France à vélo

Diagonale de France à Vélo
4h30 : Comme prévu, nous retrouvons le propriétaire des lieux pour le petit déj’ et partons à 5h15 avec un petit quart d’heure de retard sur notre plan de route… Comme prévu également, la météo est nettement moins bonne... Il bruine et nous avons le vent de 3⁄4 face… Nous atteignons notre 1er pointage de la journée à La Roche sur Yon aux alentours de 7h30. 
La faible luminosité du ciel a favorisé notre rendormissement… Nous sommes heureux de pouvoir nous poser à la boulangerie et reprendre un bon petit déjeuner… Le café est d’un grand réconfort…
Le temps file vite… Je pensais récupérer notre retard au profit d’une pause plus courte mais nous utilisons les 45 mn prévues… Chéri me calme… Il sait que ce n’est pas grave mais je suis moins diplomate… Je ne veux pas arriver trop tard à l’hôtel ce soir… Libourne me parait super loin… Les paysages ont bien changé aujourd’hui, nous circulons maintenant dans les marais poitevins. La pluie a disparu mais pas le vent. Pas facile de se mettre à l’abri dans les roues de Chéri avec ses sacoches…
Les bidons se vident inexorablement et nous ne trouvons ni fontaine ni robinet… Il commence à faire franchement soif… Didier aperçoit soudain à la sortie d’un village une maison vide et un robinet extérieur… Ni une, ni deux, il franchit discrètement le portail pour pouvoir faire le plein d’eau… Nous voilà sauvés ! Cette petite pause me fait un bien fou… Je me rends bien compte qu’il ne faut pas grand-chose pour me déstabiliser…
Les heures passent à vive allure. Nous sommes à Surgères à 12h45 et préférons jouer la sécurité. Nous devons normalement pointer 7 km plus loin à Vandré mais la boulangerie nous tend les bras et nous ne voulons pas prendre le risque de trouver boutique close dans le prochain village… Tout semble appétissant dans la vitrine… sandwich, wrap, pain bagnat… Je ne sais que choisir… Je crois même que nous y sommes retournés par 2 fois !! Seul regret : la part de flan est trop cuite et avec un arrière goût de fleur d’oranger… Dommage… Cela m’apprendra à être gourmande… Il est déjà l’heure de repartir… Nous étions pourtant bien, là, installés sur le perron de la pizzeria fermée. Le commerçant nous avait même gentiment déroulé le store banne pour nous faire un peu d’ombre… Il faut dire que depuis notre départ, les questions vont bon train… Les gens que nous rencontrons nous interrogent souvent quant à notre destination, nos motivations… C’est très sympa…
Diagonale de France à Vélo
Le repas m’a fait beaucoup de bien. Les jambes tournent mieux cet après-midi… Je suis heureuse d’être sur mon vélo et ravie de pouvoir partager ce périple avec Chéri pour cette Diagonale de France à vélo… Nous arrivons à Saintes à 16h malgré un petit détour pour cause de travaux. Je suis satisfaite car nous avons enfin recollé à notre plan de route… La ville est magnifique mais malheureusement très touristique… La circulation se fait plus dense.
Un cyclo local engage la conversation et nous demande ce que nous fabriquons là avec nos sacoches… A chaque fois, les messieurs se montrent admiratifs à mon égard. Pourtant, il n’y a rien d’exceptionnel à ce qu’une femme réussisse à faire de la longue distance surtout dans ces conditions relativement confortables. Et puis, s’ils savaient… Je suis bien loin de faire ce que certaines de mes copines tentent et réussissent avec succès.
Nous continuons notre petit bonhomme de chemin sur la D 137 en direction de Pons. Une longue ligne droite de 11 km à forte circulation. J’avais repéré cette portion sur Openrunner et je savais que les bandes latérales nous permettraient d’être relativement en sécurité mais le bruit des voitures et des camions qui nous doublent est assourdissant, étourdissant même… Il fait bien chaud à monter les petits toboggans… Et puis, mon fessier commence sérieusement à piquer… Depuis ce midi, je sens bien qu’il faut remettre une petite couche de crème protectrice de temps en temps… L’assise de mon cuissard est bonne mais malheureusement je ne peux en dire de même pour l’évacuation de l’humidité…. Ma peau n’apprécie guère… J’admire toujours Didier qui ne rencontre jamais ce genre de problème… Lui, il mange tout le temps comme un ogre, il boit sans problème, il n’a mal nulle part et même chargé comme une mule, il avance encore plus vite que moi !! Il est fort ce Chéri !!
Diagonale de France à Vélo à Brest
C’est aussi dans cette succession de montées-descentes que nous avons inventé une expression qui ne nous a ensuite plus quittés de la Diagonale de France à vélo. En effet, nous nous amusions à faire les descentes à fond, histoire de prendre de la vitesse pour la montée suivante et lorsqu’il fallait commencer à re-pédaler ou se mettre en danseuse, il y en a toujours un de nous qui disait à l’autre : « a plus d’élan !!»… Expliqué comme cela, ce n’est peut être pas très drôle, mais nous, nous en avons bien rigolé.
La petite boulangerie du Jard tombe à point nommé. J’ai envie de sucre. Glace, tartes aux abricots et Orangina sont de la fête. La petite dame est très sympa. On remet de l’eau fraîche dans nos bidons et nous voilà repartis. Ce n’est pas le tout mais Libourne est encore loin. J’avais visé un repas au Buffalo Grill à côté de l’hôtel avec une arrivée à 21h30 mais je me rends bien compte que nous allons être juste… Du coup, Didier me propose de voir ce que nous trouverons à St Savin, notre prochain pointage distant de 70 km et d’aviser… OK, allons-y…
Nous pédalons maintenant à travers les vignes charentaises. Nous repérerons les petites routes empruntées car nous y reviendrons certainement en 2019 lors de semaine fédérale de Cognac. Nous atteignons St Savin aux alentours de 19h45. Le village semble comme mort et ça monte terriblement… D’un coup, je prends peur… Et si nous ne trouvions rien à manger ?? Didier essaye de me rassurer en me disant qu’il vient de voir la direction d’un restaurant mais qu’il faut encore monter une bosse… Il m’avouera plus tard qu’il n’y croyait pas plus que cela… Je grimpe là où il me dit d’aller mais j’ai le moral dans les chaussettes… 
Surtout qu’une fois en haut, la seule chose que je vois, c’est le rideau de fer baissé du bar tabac… Je commence déjà à râler quand apparaît presque miraculeusement la devanture quasi neuve d’un restaurant…. Waouh, génial, nous allons pouvoir diner !!! Moi qui ai rêvé toute la journée de manger du frais, je suis comblée !!
Diagonale de France à Vélo
Saumon gravlax, steak tartare et crème brûlée, un menu quasi gastronomique… Didier remplace la viande par une pizza… Quel bien cela nous fait… Une fois de plus, nous faisons la curiosité de nos voisins… Nous répondons volontiers à toutes leurs questions… Notre histoire leur paraît parfois un peu dingue mais lorsqu’ils voient nos sourires et notre complicité, ils comprennent notre bonheur de faire ce que nous sommes en train de vivre…
Le repas aura duré 1h15 mais il nous aura fait un bien fou… Les 29 km nous séparant de l’hôtel se font à vive allure… Que c’est bon de rouler ainsi de nuit sans voiture… Quel sentiment de liberté… Nous sommes seuls au monde… Sur cette portion, je me sens pousser des ailes… c’est un moment d’euphorie comme cela arrive parfois sur la longue distance… Je me sens invincibleCela me rappelle cette période sur Paris-Brest entre Loudéac et Carhaix où le seul fait de savoir que j’allais apercevoir Chéri me permettait d’avancer… Cette sensation est indescriptible mais les aficionados de la longue distance la connaissent bien…
22h20 : nous sommes à l’hôtel. L’hôtesse réussi même à nous caser au RDC, ce qui nous simplifie grandement la tâche… Une bonne douche, un petit coup de fil à nos papas respectifs et au lit… Demain départ à 5h pour ce qui s’annonce être une petite étape…

Jour 3: Diagonale de France à vélo

4h15 : le réveil sonne mais nous traînons un peu… Tranquille Chéri, nous avons 256 km à faire… Oui, enfin bon, tranquille, à force, nous sommes copieusement en retard… Nous décollons à 5h20 au lieu de 5h. La journée commence bien !!
A peine échauffés que se présente à nous la 1ère difficulté de la journée… Une belle bosse au milieu des vignes à St Jean de Blaignac. Comme à notre habitude, chacun monte à sa main…
Chéri ne s’échappe jamais bien loin mais je préfère qu’il me laisse grimper à mon rythme, toute seule… Je n’aime pas trop que l’on reste à côté de moi et préfère que l’on m’attende en haut… Lorsque nous avons monté notre projet de Diagonale de France à vélo, Didier m’avait vendu qu’il me pousserait dans les côtes un peu pentues mais finalement que nenni… Je me débrouille comme une grande. Il nous aura fallu franchir le 710ème kilomètre pour que je sente sa main dans mon dos ! Chouette, c’est que je progresse !!
Le lever du jour dans les vignes bordelaises est somptueux… Les couchers et levers du soleil sont toujours des moments assez émouvants… Nous aimons contempler ce spectacle de la nature. 
Diagonale de France à Vélo
Un petit arrêt dans les vignes s’impose. Nous n’allons tout de même pas partir du Bordelais sans avoir goûter quelques grains de raisin ! On se régale sur le bord de la route. Nous jouons un peu aux touristes… Après tout, ce sont les vacances !! Et puis, nous n’avons que 256 km à faire. Nous devrions être de bonne heure à l’hôtel… Certes, mais il faudrait tout de même songer à avancer d’autant plus que nous ne le savions pas mais un SARiste nous attend…
En effet, un peu plus loin, nous croisons un cyclo. Je le salue, puis remarque sa plaque de diagonaliste, la plaque de cadre reçue par Diagonale de France à vélo et par cyclo. Sur le coup, je ne percute pas… « Chéri, Chéri, nous venons de croiser un autre diagonaliste !! » Je ralentis, me retourne et remarque que celui-ci a fait demi tour et papote avec Didier… Ça y est Chéri a encore trouvé quelqu’un avec qui discuter… Il est incorrigible !! Il me faudra quelques secondes pour comprendre qu’en fait, le cyclo en question est un SARiste, Bernard Ducornetz, venu pour nous accompagner un petit bout de chemin… Quel plaisir… Didier m’avait justement dit que cela lui ferait plaisir de voir quelqu’un car il n’avait jamais eu de visite sur ses diagonales précédentes. Son souhait a été entendu… Vœu exaucé par 2 fois puisque nous sommes également attendus pour le petit déjeuner le lendemain à Saverdun…
C’est donc accompagnés de Bernard que nous allons passer sur le joli pont de la Réole puis atteindre notre contrôle de Meilhan sur Garonne. 
Mon vieux démon de la faim me rattrape. Nous dévalisons la supérette et la gérante nous met même une table à disposition… Bonheur suprême, elle nous fait un café et me permet d’aller aux toilettes… Bernard nous dit qu’effectivement la journée va être tranquille, que cette petite étape de plat le long du canal du midi va nous permettre d’être au lit assez tôt, que nous n’avons plus maintenant qu’à gérer… « Ah mais attend Bernard, le canal du midi nous n’y restons pas… Ce midi, nous devons casser la croûte à Astaffort et nous pointons ensuite à Miradoux » « Quoi, vous pointez à Miradoux ?? Eh bien bon courage les jeunes, moi, il y a longtemps que je ne trace plus ce genre d’itinéraire. Mais c’est bien les enfants, vous ne faites pas dans la simplicité ! » Cette réflexion de Bernard va me faire blêmir… Je trouvais cela fun d’aller dans le village de Francis Cabrel dont j’apprécie tant la musique… Et puis Miradoux se trouvait être juste sur la route en direction de Toulouse. J’ai bien vu sur la trace qu’il y avait un peu de relief mais je n’avais rien remarqué d’insurmontable… J’avais simplement dit avant de partir à Didier, qui voulait laisser mon vélo en 36×32, que vu le relief de cette étape et des kilomètres déjà parcourus, je voulais absolument mon 33×32 pour être sûre de pouvoir tourner les jambes…
Diagonale de France à Vélo
Bernard roule encore quelques kilomètres avec nous puis nous laisse à notre triste sort… Son histoire de Miradoux me hante et je m’enferme dans une spirale négative… Je gamberge… J’ai mal aux fesses, j’ai la sensation de toujours avoir faim, je me dis que j’ai fait une bêtise en voulant passer par Astaffort, je m’ennuie sur cette route toute plate où nous ne croisons que des vergers… je préférais les vignes tiens !! Je demande une énième pause pipi à Didier, lui demande aussi un Fortimel histoire de me remplir l’estomac et essaye de relativiser pour le programme de l’après-midi… Hé Sev, tu as grimpé le Galibier et le Tourmalet, tu ne vas pas pleurer parce qu’il faut aller à Miradoux !!
Didier, dans ces cas-là est très diplomate. Il connaît ma fragilité dans ces moments de fatigue… Il faut que je pleure un bon coup et ça va passer… Nous nous remettons tranquillement en selle. Je vois les minutes s’égrainer et l’espoir d’arriver très tôt à l’hôtel est parti depuis bien longtemps… 
Diagonale de France à Vélo
La pizzéria que nous trouvons quelques kilomètres plus loin finira de me remonter le moral. Nous avalons une bonne grosse portion de pâtes à la carbonara, le tout arrosé de coca. C’est bon, j’ai l’estomac enfin calé. Nous allons maintenant pouvoir pédaler sereinement. . Oui, nous allons à Miradoux, oui nous allons nous balader dans le Lot et Garonne… Et alors ??? Je vais bien réussir à grimper… Et puis, nous arriverons plus tard à l’hôtel. Et alors ??? Cela ne nous empêchera pas de réussir notre Diagonale de France à vélo. 
Diagonale de France à Vélo
14h15 : Astaffort… Selfie abligatoire devant le panneau. Maman me demande par sms si j’ai croisé Francis mais nous n’avons plus le temps de trainer… Les choses sérieuses commencent dès la sortie du village… La cabane dont il parle dans sa chanson, elle n’est pas au fond du jardin mais plutôt en haut de la colline… Je demande un petit coup de main à Didier histoire de ne pas perdre trop de temps dans la montée… Nous atteignons Miradoux vers 15h10. C’est effectivement bien haut mais le panorama est magnifique… Yes, je suis montée à Miradoux !! Il n’y avait pas de quoi paniquer… C’est juste plus pentu que le canal du midi…
Le sourire est revenu et la pêche aussi… Didier m’aide de temps en temps quand les pentes sont un peu trop raides mais je me débrouille toute seule la plupart du temps… Nous formons une bonne équipe tous les 2. Nous avons maintenant 2 bonnes heures de retard sur notre programme et nous nous disons qu’il ne faut plus trop traîner, faute de quoi nous serons obligés de remettre la lumière pour arriver à Muret… Nous en rigolons… Nous sommes heureux d’être là, ensemble… Après une brève discussion avec un groupe de marcheuses un tantinet incrédules lorsque nous leur racontons notre périple, nous revoilà en selle. Les jolis paysages se succèdent, tous comme les bons raidards… Je nous ai gâtés, il n’y a pas à dire…
Diagonale de France à Vélo
Nous finissons par arriver à Muret à 20h30. Le Fasthôtel n’est pas des plus huppés mais il fera bien l’affaire pour une douche et un dodo… Le réceptionniste qui parle à peine français et, qui vraisemblablement connait son texte par cœur, nous conseille le restaurant traditionnel français à 30s en voiture à la sortie du parking à droite… 30s en voiture ou 3 mn à pied… Nous n’avons pas essayé de lui faire faire la conversion du temps si nous y allions en vélo, il n’aurait pas su nous répondre le pauvre !!
En fait de restaurant traditionnel, nous trouverons à l’emplacement indiqué une rôtisserie à la clientèle pour le moins exotique… Le patron de l’endroit est étrangement chaleureux mais nous avons de quoi nous remplir l’estomac, c’est déjà pas mal…

Jour 4: Diagonale de France à vélo

C’est déjà le dernier jour de notre aventure. Cette fois-ci, pas de blague, nous ne trainons pas au lit. D’autant plus que nous sommes attendus pour le petit déjeuner à Saverdun, 38 km plus loin, chez Bernard et Gisèle Lescudé. Nous prenons juste le temps d’avaler 2 brioches, histoire de ne pas partir le ventre vide et quittons l’hôtel à 5h05. J’ai quelques soucis de mise en route avec ma lumière avant. A force de vouloir me délester, je n’ai plus assez d’affaires dans ma sacoche souple Apidura et celle-ci s’est déformée. Résultat, j’ai beau tout serrer, bidouiller pour essayer d’attacher les sangles latérales sur le cintre, rien n’y fait. Je ne vois pas plus loin que le bout de ma roue… Comble de malchance, il fait nuit noir, le ciel étant bien sombre… Ce serait bien notre veine de finir sous la pluie alors que nous n’avons pas encore enfilé les vestes depuis le départ…
Diagonale de France à Vélo
Nous retrouvons Bernard un peu avant Saverdun, à l’heure presque dite. Comme la veille, nous sommes heureux de rencontrer un SARiste. On papote, on échange, on partage. C’est un joli moment. Les nuages m’inquiètent un peu. Ils sont vraiment nombreux et menaçants. Bernard est très rassurant : « Oh vous savez, l’eau ici, cela fait maintenant 2 mois qu’on l’attend… ». « OK, mais tout de même c’est très gris » « Non, ne vous inquiétez pas les enfants, c’est comme cela ici. C’est menaçant mais ça ne tombe pas » Tout va bien donc pour poursuivre notre Diagonale de France à vélo…
A Saverdun, l’accueil est somptueux et le petit déj’ le bienvenu… Nous parlons de nos amis communs, devisons sur notre propre expérience et je leur raconte comment je suis venue au vélo… Gisèle veille sur la montre afin que l’arrêt ne soit pas trop conséquent. Elle a raison. Bien que nous ayons largement le temps d’arriver à Perpignan, je n’ai pas non plus envie que cela s’éternise… Je souhaite bien profiter de ma soirée devant une pizza et une bonne bière !!
Il est un peu plus de 7h30 lorsque nous levons le camp et avons déjà accumulé 1h de retard sur l’horaire prévu…. Ah la la, attention à la dérive Chéri, nous allons essayer de ne pas recommencer comme hier…
Bernard en grand connaisseur du coin se montre très confiant. Il nous dit qu’une fois passer la montagne, nous allons avoir un fort vent favorable et que l’arrivée sur Perpignan ne sera qu’une formalité… Soit, mais il faut tout même pédaler…
Ce dernier a décidé de nous accompagner jusqu’à Mirepoix, une quarantaine de kilomètre plus loin. Il corrige notre trace afin de nous faire passer sur une voie verte et ainsi nous éviter un bout de route à circulation. Sympa car je n’avais pas repéré cette possibilité en traçant… Je m’étonne de le voir partir quasi les mains dans les poches, toujours aussi sûr de lui qu’il n’allait pas pleuvoir… Malheureusement, quelques instants plus tard la pluie commence à tomber et moi, je fais la tête. Les gars ne semblent pas être dérangés par l’eau, moi si… 
Diagonale de France à Vélo
Je ne vois plus rien avec mes lunettes et ne comprends pas pourquoi, on se ferait mouiller alors que j’ai tout ce qu’il faut dans la sacoche pour me protéger… Je demande à me couvrir une fois, 2 fois et à la 3ème, je me dis que je suis assez grande pour décider seule de ce qui est bon pour moi… Je m’arrête sur le bord de la route et enfile ma veste. Didier fait de même… La petite pluie fine durera à peine 1h mais je n’avais pas l’intention d’être trempée…
Comme prévu, à Mirepoix, Bernard nous abandonne pour rentrer chez lui et nous, nous continuons notre route, le sourire accroché aux lèvres…Ce que c’est beau aujourd’hui… La forêt, la montagne, les gorges de l’Hers… On se régale et dans un petit coin de ma tête, les souvenirs se bousculent… Waouh, il ne nous reste plus que 110 km à faire sur les 1080 que comportaient notre parcoursJe repense à l’arrivée du 1000 d’Angers où je pleurais à cause d’un furoncle, à cette arrivée sous la pluie de mon PBP… Mon histoire de cyclotte n’est pas bien grande mais j’ai déjà quelques beaux souvenirs…
Nous nous arrêtons à Chalabre pour essayer de dénicher à manger mais nous ne trouvons rien. Nous déterrons donc les derniers trésors de guerre des sacoches pour nous sustenter… La montée au col du Portel se fait sans problème… Comme à mon habitude, je me cale à mon petit rythme et j’avance… Nous refaisons une petite pause avant le haut pour contempler le passage au millième kilomètre… La fatigue nous rendrait-elle un peu fleur bleue ?? En haut du col, petit selfie avec le panneau et c’est reparti…
Diagonale de France à Vélo
Les nuages sont toujours présents mais cela ne ternit en rien notre joie de vivre… Bernard avait raison, nous sommes à Quillan pour manger… La pause est la bienvenue car les automobilistes sont nombreux et très nerveux… Didier me propose de trouver une pizzéria mais je n’en ai pas envie… Un truc rapide fera l’affaire… Ce n’est pas le tout mais je n’ai pas l’intention de m’éterniser sur la route. Il nous reste 75 km à faire et je ne suis plus partisante de faire du tourisme…
Un panini, une part de flan et un coca et nous revoilà repartis… L’instant du repas, la circulation s’est bien calmée. Juste ce qu’il faut pour savourer la traversée des gorges de la Pierre-Lys… 
Le soleil et le vent sont comme prévu à l’heure au RDV… Que c’est facile de faire du vélo dans ces conditions, même après plus de 1000 km ! Nous ne sentons plus les pédales… Un pur régal… La petite montée au col de Campiéré n’est qu’une formalité… 
Diagonale de France à Vélo
Place maintenant aux 60 km de descente jusqu’à Perpignan… Le compteur s’affole et l’adrénaline aussi… Nous qui apprécions les descentes, on ne se fait pas prier pour filer !! A partir de là, il nous faudra 2h pour rallier le panneau d’entrée de Perpignan… J’en oublie les voitures tellement je suis bien sur mon vélo avec mon Chéri… Je n’aurais jamais imaginé pouvoir partager des instants comme ceux-là avec lui… La route pour arriver à Perpignan me faisait peur mais finalement grâce aux bandes sur le côté, je suis rassurée… Pas le temps de dire ouf que nous sommes déjà à la pancarte qui marque presque la fin du voyage. Quelques photos pour immortaliser l’instant et nous prenons la route du commissariat où nous attendent Jean-Hervé et Maryse avec la voiture… 
Diagonale de France à Vélo
La navigation dans Perpignan est moins aisée. Il fait chaud et les voitures sont nombreuses… Je demande à Didier de calmer un peu le jeu car je ne me sens pas sûre de moi… J’ai tellement peur qu’un accident vienne gâcher la fête, comme l’an passé en Italie…
L’arrivée au commissariat, dernier check point de notre Diagonale de France à vélo, est assez étrange… Tout le parvis est bouclé, les grilles à l’entrée sont même fermées… On se retrouve là sur les marches à se demander si nous n’allons pas être obligés de prendre une photo… Heureusement, Didier en s’approchant a été repéré par une charmante policière qui s’empresse de tamponner nos carnets non sans avoir pris soin de nous demander quelques détails sur notre belle aventure.
Ainsi s’achève ces 4 jours merveilleux avec 9 mn d’écart par rapport à nos prévisions. J’avais visé juste ! Je suis tellement heureuse et fière… Maintenant, je peux le dire, je suis Diagonaliste de France à vélo !
Diagonale de France à Vélo
Un merci tout particulier à Jean-Hervé et Maryse sans qui l’aventure de notre Diagonale de France à vélo n’aurait pas été aussi formidable. Leur présence au départ et à l’arrivée nous a permis de ne pas avoir à gérer des trajets en train que nous ne maitrisons pas… Un grand merci également à tous les gens qui nous ont encouragés et soutenus tout au long de notre projet… Un petit mot, un conseil, un sms, un appel… Tout plein de petites choses qui misent bout à bout font que la réussite est encore plus belle lorsqu’on la partage avec les gens qu’on aime…
Et enfin, Merci à Chéri de m’avoir permis de vivre cela avec lui… Cette 1ère Diagonale de France à vélo aura toujours une place particulière au fond de mon cœur… C’est tellement bon de faire du vélo à 2… « Dis Chéri, tu m’aimes toujours ? » « Oh oui, plus que jamais ! » « Aaaah, c’est mieux que jamais plus, on peut recommencer alors !!!! »
Et vous, vous avez aussi des projets cyclistes un peu audacieux comme la Diagonale de France à vélo, seule ou accompagnée? Racontez-nous! Allez aussi lire mon récit sur notre seconde diagonale de France, de Dunkerque à Menton à vélo!

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