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Les États Généraux du cyclisme féminin FFC – De qui se moque-t-on ?

États Généraux du cyclisme féminin FFC

Les États Généraux du cyclisme féminin FFC – De qui se moque-t-on ?

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À la veille des États Généraux du cyclisme féminin FFC du 16 et 17/12/2017, on fait un rapide topo car, déjà en 2009, on a eu droit à plein de belles promesses… 

Déjà un  plan de féminisation en 2009 par la FFC

Un plan de féminisation a été produit en 2009 à l’initiative de Laurence LEBOUCHER, vice-présidente de la FFC à l’époque. Pour le mener à bien, il prévoyait :

  • la réalisation d’un état des lieux du cyclisme féminin (8000 €)
  • la création d’outils de formation (4000 €)
  • les réseaux interrégionaux (25 000 €)
  • la Coupe de France des dames (13 000 €)

En 2017, à nouveau les États Généraux du cyclisme féminin FFC

8 ans après, on recommence comme si les engagements de l’époque n’avaient servi à rien, comme si les responsables de l’époque avaient été inutiles.
Découvrez toutes les infos sur le programme des États Généraux du cyclisme féminin FFC 2017. Si vous êtes sur place, n’hésitez pas à aller rencontrer Marion, Stéphanie et Laura, contributrices EFDV.

Déjà un rapport en 2011 remis au Ministre des sports

Le rapport (RAPPORT N°M- 22/2011) de 753 pages de Jacques DONZEL, Inspecteur Général de la Jeunesse et des sports, « relatif à la Fédération Française de cyclisme », remis en décembre 2011 au Ministre des sports , dresse un bilan complet de la FFC. On y trouve, en filigrane, le bilan du cyclisme féminin.
L’Inspecteur général conclut à propos du plan de féminisation de 2009, « Il est évidemment beaucoup trop tôt pour évaluer l’efficacité du dispositif ainsi proposé mais il est à craindre que son caractère parcellaire ne soit pas à la hauteur de l’ampleur du problème ».
Prémonitoire. (Lire le rapport complet ici)

Grandes lignes du bilan FFC de 2009 avec, en filigrane, le cyclisme féminin.

La FFC n’est pas la seule à contribuer au développement du vélo

La FFC, par délégation de l’État, est tenue d’assurer une mission de service public.  Cette mission ne concerne pas simplement le haut niveau et la compétition. Elle comprend, aussi, le développement de pratique du cyclisme pour tous.
Elle n’est pas seule, puisque la FFCT  (Fédération française de cyclotourisme) reçoit également une délégation pour assurer le développement de la pratique du vélo. L’UFOLEP et la FSGT, fédérations affinitaires, y contribuent également.

La FFC a peu d’impact sur la pratique du vélo

Au total, ce sont entre 330 000 et 350 000 licenciés qui pratiquent le vélo au sein des clubs et associations. La FFCT licencie le plus de cyclistes, devant la FFC, l’UFOLEP et la FSGT.  La part de licenciés est faible en comparaison des 6,5 millions de français de 15 à 75 ans déclarant pratiquer une fois par semaine le vélo (enquête INSEP 2000).
Le potentiel de développement est énorme mais les clubs sont à la peine pour attirer de nouveaux licenciés. Le cadre offert par les clubs ne correspond pas aux attentes des pratiquants.

Très peu de femmes sont licenciées

L’enquête de l’INSEP indique que 41%  des 6,5 millions de pratiquants hebdomadaires sont des femmes. La FFCT licencie bon an, mal an 17% de pratiquantes.
La FFC est en retard. 10% du total des licenciés sont des femmes. Les actions entreprises depuis 2009 n’ont guère modifié cette tendance.
Même si, comme dans les autres fédérations, un plan de féminisation existe, il faut bien avouer qu’il manque à la fois d’épaisseur, d’ambition et d’une vision d’ensemble susceptible de mobiliser le terrain.

Sur le terrain, le bilan est encore plus mitigé

En 2009, seulement 8% de femmes sont inscrites dans la catégorie « coureurs ». Les femmes ont une place importante dans les équipes dirigeantes des clubs (21% des licenciés « dirigeants ») alors qu’elles sont souvent sous-représentées dans les instances nationales et déconcentrées. Deux explications sont possibles pour expliquer ce décalage:

  • soit les femmes ne veulent pas accéder à des fonctions exécutives,
  • soit les hommes ne leur laissent pas la place.

Une érosion du nombre de licenciées entre l’enfance et l’âge adulte

Plus de la moitié des licenciées stoppent la compétition entre l’enfance et l’âge adulte. Ainsi, en 2009, les filles, jusqu’à 12 ans, représentent de 10 à 11% des différentes catégories de compétiteurs. Chez les cadets et juniors, les licenciées ne constituent plus que 7% des pratiquants. Uniquement 4,7% des compétiteurs adultes sont des femmes.
Cette érosion ne peut pas simplement s’expliquer par une moindre attractivité de la discipline pour les jeunes filles mais plus évidemment par une inadaptation des structures, des services proposés et des  attentes.

Le succès de la formule « Division Nationale Dames »

La formule « Division Nationale » (DN) permet de réunir des licenciées capables de participer à des courses de haut niveau, la coupe de France Dames. L’équipe (structurée par des comités régionaux, départementaux ou des clubs affiliés à  la FFC) doit prévoir un encadrement sportif, technique et médical. Elle doit également disposer d’un budget permettant à l’ensemble de l’équipe de participer aux différentes courses du programme.
En 2017, il y avait 19 DN-Dames (10 en 2010).  Les structures sont pérennes dans l’ensemble soulignant le sérieux de l’encadrement et la viabilité des projets.
Sur ce point, il faut remarquer,  cependant, que tous les ans des équipes « DN Dames » naissent et s’écroulent laissant aux cyclistes de grandes déceptions.

Un repérage des talents

Cette compétition est une marche vers le haut niveau. Cependant, si au départ les épreuves de la coupe de France Dames permettaient de révéler de nouvelles compétitrices, aujourd’hui, elles ne viennent que confirmer des talents déjà repérés en amont.

La dure loi du sport

Dans ce cadre, plus les équipes sont organisées, plus elles sont en capacité de mener les cyclistes à la victoire. Par exemple, lors de la récente course, « la Picto-Charentaise », trois cyclistes de l’équipe « FDJ Nouvelle Aquitaine Futuroscope » trustent le podium. Le peloton est à plus d’une minute. 10 cyclistes sont mises à l’arrêt car « hors délai », 14 autres sont à plus de 15 minutes de la gagnante. 1/3 du peloton n’a pas le niveau.

De grandes différences de niveau

Sur la forme, le modèle « compétition » n’est pas critiquable. Les meilleures sont devant. La logique est respectée. Cependant, le fond est plus complexe. Le niveau de tous ne peut progresser que si la concurrence est importante. On le voit, le passage de la marche internationale est difficile. Ce n’est pas hasard si les Néerlandaises et les Belges trustent les podiums internationaux. La concurrence dans les courses nationales est terrible.

Améliorer la qualité de l’entraînement

Plus la base des pratiquantes est étendue, plus il y a de chances de repérer des talents qui échappent actuellement à la détection. Il est également possible d’apporter à plus de pratiquantes de meilleures conditions d’entraînement.
Plus la concurrence est vive, plus la possibilité d’améliorer le niveau de l’ensemble est réelle.

Faire du cyclisme à haut niveau ne doit pas être un privilège mais une profession

S’il est un domaine très préoccupant, c’est celui de la professionnalisation du cyclisme féminin. À l’heure actuelle, seules quelques figures du circuit international sont en mesure de vivre de leur métier. Pour les autres, les revenus sont aléatoires.
Au sein de certaines équipes, les conditions de travail sont inadmissibles. Certaines athlètes préfèrent garder le silence car elles ont peur de mettre en péril leur place dans les équipes.

Une charte du cyclisme dames de haut niveau

Des actions sont à entreprendre par la FFC afin que le haut niveau du cyclisme puisse être considéré comme une profession et non pas un «privilège». Cela passe, par exemple, par l’écriture d’une charte qui servirait à équilibrer les responsabilités de chacun, structure d’encadrement et cyclistes de l’équipe.
Cette charte, portée par la FFC, pourrait être un premier pas vers une évolution de la contractualisation des relations au sein des équipes de haut niveau.

Le cyclisme pour toutes

La compétition est, aussi, pratiquée en loisirs. Des épreuves cyclosportives attirent de nombreuses femmes aux niveaux de performance très hétéroclites. Cette formule est intéressante puisqu’elle permet d’allier esprit de compétition/performance/dépassement de soi.
Pour répondre à l’engouement des « cyclosportives », la FFC a instauré une licence « pass’cyclosportive » qui  peut être souscrite à titre individuel sans lien aucun avec un club affilié. Cette formule d’appel préserve la volonté d’autonomie des cyclosportifs. Ce qui, en soi, est compréhensible.
Pourtant, il y a une occasion de créer un lien entre ces cyclistes, nombreux pratiquants loisir, et les clubs FFC. Je vous invite à lire l’article sur l’utilisation de médiaux sociaux pour créer du lien.

Une expertise sur l’entrainement qui ne se diffuse pas suffisamment

La FFC, les clubs affiliés ont une expertise sur les questions de l’entrainement. Malheureusement, ces connaissances sont réservées aux compétiteurs. Elles ne diffusent pas assez auprès des pratiquants loisir. Ces derniers font de plus en plus appel à des « coachs » en ligne ou des blogueurs professionnels dont on ne connaît pas les compétences réelles.
À la fois, il est dommage que toutes ces connaissances ne se diffusent pas plus mais aussi, les clubs se privent d’un réservoir sans limite du cyclisme pour tous et toutes.

En conclusion

On ne peut pas culpabiliser ainsi les femmes de ne pas être licenciées à la FFC. Ce n’est pas juste. Elles font du vélo dans d’autres lieux, d’autres conditions, d’autres circonstances.  C’est sûrement bien ainsi de ne pas avoir à copier les hommes.
La FFC est victime de son organisation qui la contraint à l’immobilisme et la force à se centrer sur la compétition et l’élite au détriment du cyclisme pour tous. L’Inspecteur général souligne dans le rapport, la distance qu’il y a entre les instances fédérales et les clubs. Toute ambition ne mène nulle part sans qu’il n’y ait une implication des acteurs de terrain.
Ce qui peut aider à mesurer le chemin à parcourir entre le cap que souhaite fixer la FFC et la réalité du terrain, c’est sûrement cette phrase que nous empruntons à l’encadrement masculin d’une équipe ambitieuse de la DN Dames « Le cyclisme féminin est porteur : c’est beau, elles sont respectueuses et reconnaissantes, véhiculent une bonne image et des valeurs et sont tenaces ; une fille n’abandonne jamais ».


Rendez-vous dans 8 ans aux Etats généraux du cyclisme féminin FFC 2025 ! 
Crédit photos: Jeannie Longo, Mendrisio 2009 – European Road Championships 2017

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Commentaires (1)

  • Le problème de la FFC c’est qu’elle ne voit le cyclisme que part le biais de la compétition et néglige grandement la pratique loisir… Donc lui échappe le vaste monde de ceux qui veulent seulement se balader. Un exemple ? Le développement des centres VTT-FFC ? Une seule personne pour s’occuper de ça, un cadre obsolète qui repose quasi uniquement que sur les clubs… #bref, je vais rouler

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