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La féminité dans le sport, et le vélo en particulier: CQFD

La féminité dans le sport, ce qui fait débat

La féminité dans le sport, et le vélo en particulier: CQFD

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La féminité dans le sport, tout un débat. Quand une ancienne sportive de haut niveau dénonce le sexisme, cela titille les esprits. Ce qui fait débat?

C’est toujours la même chose dans ce genre de discussions: on oscille entre deux CQFD: « Ce qu’il fallait démontrer » et « Ce qui fait débat ».

Un article publié le 7 décembre 2016 sur Cyclism’Actu a fait buzz (voir le commentaire de Pauline Ferrand Prevot). Il s’agit d’une interview de Béatrice Barbusse, Maître de Conférence en sociologie à Paris Est Créteil. Ancienne sportive de haut niveau en hand-ball, elle dénonce le sexisme dans le sport dans son ouvrage « Du sexisme dans le sport », paru chez Anamosa édition. Les détracteurs du sujet (il faut dire que les débats sur la fémininité dans le sport ont le chic pour faire choc) ont probablement mal interprété les propos de Béatrice Barbusse. Son propos n’était pas de critiquer qui que ce soit. Il faut plutôt y voir cet article comme une réflexion sur notre société.

Le féminin dans la société avant la féminité dans le sport

C’est toujours la même chose dans ce genre de discussions: on oscille entre deux CQFD: « Ce qu’il fallait démontrer » et « Ce qui fait débat ». Nous aimerions vous présenter notre point de vue sur la féminité dans le sport et le cyclisme en particulier.

Dans son interview, Béatrice Barbusse dénonce un problème de société. Qui se décline également dans le sport. Autrement dit, elle dénonce une question de féminité dans la société avant d’évoquer la féminité dans le sport. Seule une catégorie de femmes, dit-elle, à savoir, les canons de mode, des modèles d’esthétisme, y sont représentées. Ainsi la féminité définie par notre société se base sur ce standard. On préfère ne pas mettre en une des magazines les femmes paraissant a priori moins féminines selon le standard.

Qu’est-ce que la féminité, et la féminité dans le sport?

En médecine, la féminité c’est le «caractère correspondant à l’ensemble des attributs propres à la femme». Cette féminité-là n’est pas celle dont il est question lorsqu’on parle de féminité dans le sport.

Le psychologue Henri Piéron quant à lui définit ainsi la notion de féminité : «Caractéristiques différentielles admises de la femme, liées biologiquement au sexe pour une part, mais pour une plus grande part conditionnées par l’influence du milieu, sociopolitique et religieux.» (Vocabulaire de la psychologie, 1973). Selon cette définition, la féminité peut être interprétée différemment en fonction de son éducation, de ses origines, de ses croyances, de son environnement, de son époque…

Cette féminité peut aussi s’exprimer de différentes manières : par l’apparence (maquillage, habit, coiffure), la gestuelle (grâce, élégance), l’expression/la communication (verbale, gestuelle), les loisirs (couture VS boxe par exemple)…

Une infinité de féminités

Il est donc très difficile de définir ce qu’est la féminité. Ainsi, comme le dit Béatrice Barbusse, il n’existe pas une seule féminité, mais une infinité de féminités. Malheureusement, c’est surtout la féminité que l’on peut voir dans les magazines et autres médias qui fait standard de nos jours.

Le rôle des médias

Contrairement à la danse (par exemple), le cyclisme n’est pas considéré comme un sport féminin dans notre société (à tort, évidemment!). Lorsqu’une fille a pour loisir le vélo, celui-ci ne lui permet pas « d’asseoir » sa féminité telle que perçue par la société. Elle peut alors être tentée d’utiliser d’autres moyens pour exprimer sa féminité, telle que l’apparence.

« Ah non, mais elle est moche celle-là» : phrase véridique entendue par une DS (Directrice sportive) lorsqu’elle a choisi une nouvelle recrue pour son équipe.

La société (et donc les médias) raffole de voir des belles jeunes femmes pratiquant un sport masculin tout en ayant une féminité «d’apparence» exploitée à son maximum. Ces athlètes ne sont certainement pas à blâmer, ce suivi médiatique leur apporte beaucoup d’avantages. On constate que les personnalités médiatiques permettent également au cyclisme féminin d’être plus regardé et donc d’augmenter sa part de spectateurs. Aussi, certaines femmes peuvent s’identifier et prendre modèle plus facilement sur quelqu’un qui fait attention à son apparence.

Le parallèle avec les hommes

On parle des femmes, mais on peut aussi faire le parallèle avec les hommes. Et prendre comme exemple le beau et talentueux Peter Sagan. Lui aussi aime se mettre en valeur par ses exploits sportifs et acrobatiques. Il prend aussi la pause façon beau-gosse avec les cheveux en pagaille. Où est le problème, me direz-vous ? Le problème est qu’on n’attend pas forcément d’un homme qu’il soit beau pour faire du vélo. C’est juste un bonus. En revanche, on attend beaucoup plus des femmes. « Ah non, mais elle est moche celle-là» : phrase véridique entendue par une DS (Directrice sportive) lorsqu’elle a choisi une nouvelle recrue pour son équipe.

Le cercle vicieux

Certaines athlètes seront alors contraintes de jouer le jeu, « à l’insu de leur plein gré ». Elles vont se forcer à suivre la convention esthétique alors qu’elles ne s’y sentent pas à l’aise. Pour rentrer dans le moule, se faire remarquer ou enfin faire partie d’une équipe. Malheureusement, cela peut être parfois au détriment des performances qui devraient en toute logique être le critère numéro un pour la reconnaissance des sportives.

Certes, des petites filles peuvent être attirées par le vélo parce qu’elles ont vu qu’elles pouvaient être «féminines» tout en pratiquant. Mais il ne faut pas que d’autres petites filles soient rebutées par ce sport pensant que c’est le standard.   Or l’important est que l’on puisse faire du vélo et rester soit même. C’est ce que dénonçait Béatrice Barbusse dans l’interview.

Béatrice Barbusse est partie d’un constat pour mettre à jour certaines choses dont on ne se rend pas forcément compte. C’est le rôle des sociologues: de constater, d’analyser, mais en aucun de juger. Pour en savoir plus, n’hésitez pas à vous plonger dans son livre où ses propos sont argumentés.

Et vous, qu’en pensez vous? Donnez-nous votre avis!

PS : pour ceux qui vont dire de cet article que «les féministes c’est trop des nulles», sachez que si vous ne vous considérez pas comme féministe, cela signifie que vous êtes POUR la discrimination de genre. Vous êtes contre la discrimination de genre? Dans ce cas, vous êtes féministes! Ne pas confondre les féministes avec les féministes extrémistes, merci!

Crédit photo: In-Yellow/L. Brun

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