Passer la moitié de ses vacances seule sur son vélo… pourquoi pas?
Ma passion du sport et un genou délicat m’ont fait passer du rugby au vélo. J’adore. Passer la moitié de ses vacances seule sur son vélo était donc un défi réaliste.
La rédaction EFDV remercie Claire Lefranc pour la rédaction de ce premier article ‘Vacances seule sur son vélo »
J’ai découvert le vélo de route il y a deux ans, en 2015, avec mon premier triathlon et ce fut une révélation! J’aime rouler pour le bonheur simple de découvrir ou redécouvrir des lieux…
Ma philosophie du vélo
Rouler la tête dans le guidon ce n’est pas pour moi. J’aime rouler pour le bonheur simple de découvrir ou redécouvrir des lieux, paysages, des départements … Certaines routes déjà connues pour les avoir empruntées en voiture et d’autres encore inconnues car je n’ai jamais pris le temps de faire le détour. A vélo tout est tellement différent. On ressent et on s’imprègne de chaque détail qui nous entoure: les odeurs, les bruits, l’état de la route, le moindre dénivelé … On apprend, on s’enrichit. Et surtout, pour moi et mes genoux en carton, c’est la possibilité de faire des heures de sport sans douleur! Passez ses vacances seules sur son vélo me correspond bien.
Vacances seule sur son vélo, évidemment!
Alors avec un nouveau vélo, 8 joursde vacances, des copains, la montagne, la mer … Évidemment le défi était tout écrit: rallier mes différents lieux de vacances en vélo!
Quand j’ai expliqué mon projet, on m’a dit : « Mon dieu mais tu vas passer la moitié de tes vacances seule les fesses sur ton vélo?! » => Ben oui pourquoi pas ?! 😛
Organisation pour voyager seule à vélo en vacances
Un peu d’organisation: tracés des trajets, liste du matériel et de l’alimentation nécessaire pour le vélo, composition de mes sacs de vacances à donner à mes amis pour les différentes étapes, révision du vélo … Tout est OK => GO !!
Vous aurez donc compris que je portais un minimum de bagages pour mes vacances seule à vélo. J’avais prévu le coup.
Étape 1 : 9/08/17, Cornebarrieu – Saraillé (172 km – 2300m d+)
Il est 6h30, je pars de chez moi excitée comme une puce! Sur la route direction Cornebarrieu, je me passe en boucle LA chanson de JJ Goldman que j’adore « Etre le premier » et je chante à tue-tête! 7h30 c’est parti ! Le ciel est bleu et il n’y a pas beaucoup de vent. Les paysages défilent et les Pyrénées se rapprochent.
Petite pause nostalgie au Fousseret, en face du terrain de rugby où de nombreux souvenirs me reviennent. Une demie barre, un peu d’eau et c’est reparti. Je m’enfonce dans les montagnes et m’amuse de tous les noms de villages bizarres. Une pluie fine fait son apparition. Mais je me sens bien et décide de prolonger un peu le parcours en faisant un petit détour par le col de Latrape. J’ai déjà monté ce col l’an passé avec mon vieux vélo et j’ai hâte de voir ce que ça donne avec le nouveau.
L’ascension se passe bien, facile même, mais arrivée en haut, il pleut vraiment des cordes. A peine le temps d’une photo, j’enfile les manchettes, le k-way et c’est parti pour la descente … Une horreur ! Je n’y vois rien, je suis trempée et je ne sens plus mes mains ni mes pieds. Je rêve de la douche chaude qui m’attend au bout ! Passé Aulus les bains, il ne me reste que 20 km. Ils vont passer plutôt vite.
La dernière ascension du col de Saraillé (en gravillons sinon c’est pas drôle) me réchauffe un peu. Un dernier effort et le comité d’accueil à l’arrivée me fait oublier toutes mes peines 😊 Je suis vraiment heureuse de les retrouver.
Étape 2 : 11/08/17, Saraillé – Gruissan (230 km – 2600m d+)
Une journée de « repos » (avec 2h de rando et 1000m d+) et il faut repartir. Le réveil est difficile. Je bouge dans le lit et me dit que la rando de la veille a laissé des traces. Je regrette le manque d’étirements … mes mollets et mes cuisses sont atrocement courbaturés … ça va être dur! Je regarde dehors et le paysage me redonne immédiatement du baume au cœur, en fait j’ai hâte !
J’entreprends l’ascension du col d’Agnès et du port de Lers en guise de ptit dej! Les premiers coups de pédales sont difficiles. La montée est longue mais se passe bien. Il fait beau et le décor est grandiose!
« Que la montagne est belle…. » Quelques photos souvenirs au sommet et descente sur Tarascon. Ma première par beau temps avec ce vélo … un RÉGAL!
Tarascon passé, cap sur Carcassonne… et là j’ai appris ce que voulais dire travailler son mental ! Vent ¾ face, des muscles a la limite de la crampe à chaque tour de pédale et les km qui n’avancent pas … 3 heures d’effort INTERMINABLES ! Je m’hydrate le mieux possible mais je suis rapidement à sec. Au km 140, je trouve enfin un cimetière pour recharger et j’en profite pour donner quelques nouvelles à mes proches. 20 km plus loin, j’arrive ENFIN à Carcassonne ! Je suis fatiguée, je prends tous les feux rouges, je m’énerve sur tout …. Mais je relativise et me dis « OK, c’est comme ça, c’est dur mais tu l’as voulu ! Maintenant tu y es, c’est pour le plaisir, dans 40km tu es à Narbonne et tu as le vent alors tu souris et c’est parti !! »
Je passe en mode automatique et en avant! 40-45 km/h, sans forcer… quel pied! Me voilà presque arrivée. Dans les derniers km, je profite, je me remémore tout le parcours, le calvaire des heures passées et je SAVOURE de voir le bout! La tour de Gruissan en vue, l’émotion me dépasse ! Je pleure, je ris, j’ai envie de crier et de prendre mes proches dans mes bras ! Je suis heureuse, fière et finalement même plus fatiguée! En bilan : 0 crampe, mon record de distance à vélo et un repas du soir au « Grands Buffets » bien mérité !
Étape 3 : 15/08/17, Gruissan – Cornebarrieu 230 km (2300m d+)
Voilà, ça sent la fin des vacances et il faut rentrer … en vélo bien sûr! J’aurais pu rentrer en voiture, certes, mais je l’aurais vécu comme un échec. J’avais prévu de partir tôt pour éviter au maximum la chaleur et ne pas arriver trop tard. Mais c’était sans compter les 2h de sommeil et les 7h de rando au Canigou (1800 d+) de la veille qui ont eu raison de moi. Tant pis ! Il y a un moment où ton cerveau cherche tous les stratagèmes pour te faire abandonner. Il ne faut pas l’écouter ! Il faut accepter la situation, la douleur et avancer!Toujours dans ma quête de nouveaux et beaux paysages, je décide de rentrer en passant par la montagne noire.
Mon sac est un peu lourd (obligée de transporter un minimum nécessaire avant de récupérer le reste de mes affaires dans 2 jours). C’est parti pour une longue journée ! Le début se passe bien, il n’y a pas trop de vent et le soleil est caché. Je m’enfonce dans la montagne. Il commence à faire chaud et j’ai très soif. Heureusement, il y a de nombreux points d’eau qui me permettent de recharger régulièrement. Jusqu’à Castres RAS, je me dis que le plus dur est fait…. Oups j’ai parlé trop vite ! Les km passent, la fatigue se fait sentir, le moral chute petit à petit et je commence à trouver le temps long. Une chanson (improbable d’ailleurs : Christophe Maé « mon paradis ») se répète dans ma tête. Je ne suis plus très lucide.
Passé Lavaur, le calvaire commence vraiment. Á la fatigue se cumule un dénivelé en mode montagnes russes et le vent de face… en descente je n’avance pas, en montée j’ai l’impression de reculer et mon sac me pèse … Je regarde l’heure qui défile contrairement aux km …, je suis encore loin du bout. C’est à ce moment-là que je repense à ce que m’a dit un jour mon amie Louloute (Stéphanie Gérard) : « Il y a un moment où ton cerveau cherche tous les stratagèmes pour te faire abandonner. Il ne faut pas l’écouter ! Il faut accepter la situation, la douleur et avancer ! » Cette simple phrase va changer du tout au tout ma fin de parcours ! Je me dis que mon sac pourrait être plus lourd, que la fatigue c’est un détail et que le vent, ben j’ai pas le choix, il est la donc autant faire avec ! Je me mets à parler toute seule pour le défier ! Je repense à toutes mes galères, toutes les blessures qui ont forgé mon mental et qui me poussent à dépasser mes limites aujourd’hui !
Je trouve cette force, jusqu’ici inconnue, qui me permet de relancer la machine! J’arrive à Bouloc, terrain connu, 20 km et c’est gagné ! Les km passent tout seuls, j’ai l’impression d’avoir un moteur. Après 9h d’effort, je franchis enfin le portail! Je descends du vélo et je m’effondre en pleurs. C’est un sentiment inexplicable et tellement intense. Un mélange de plénitude, de dégoût, de fierté et surtout de bonheur! Je n’ai qu’une hâte à présent: rentrer chez moi retrouver ma famille 🙂
Bilan des vacances seule sur son vélo
633 km au compteur, 7200m d+, 24h de selle (+ quelques randos) …. => Passer la moitié de ces vacances sur le vélo, oui c’est faisable et c’est même TOP 🙂 Cela demande juste un peu d’organisation, de motivation, de jambes et de mental!
Je remercie grandement mes amis et ma famille de m’avoir assistée, accompagnée, encouragée (même à distance) et permis de vivre cette fabuleuse aventure!
Ce qui n’était au départ qu’un simple défi, passer la moitié de ses vacances seule sur son vélo, s’est transformé en une vraie leçon de vie. J’ai appris énormément de choses sur moi-même, sur le fonctionnement de mon corps face à la douleur, à l’effort … Une expérience ultra-enrichissante !
Les vacances seule à vélo étaient parfaites pour moi. A refaire, une prochaine fois, seule ou accompagnée …
Laurent
Bonjour, les vacances en vélo c’est la meilleurs des choses, j’ai réalisé 820 km pour 22000 km seul aussi, mais avec beaucoup de plaisir dans les cols des pyrénées.
Laurent
Laurent
pour 22000 m de dénivelé (oups)