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Encore, un autre 8 mars

encore un autre 8 mars

Encore, un autre 8 mars

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Plus que jamais, se battre pour nos droits… et faire passer le bon message lors de la Journée internationale des droits des femmes du 8 mars.

“Le siècle de la honte”, l’appelle-t-on. Il est plus que jamais temps de remettre la femme à sa juste place : aux côtés de l’homme, au sommet.

Ce 8 mars, en un clin d’oeil ?

  • Ne plus parler seulement à 50% de la population
  • Savoir apprécier les bonnes nouvelles
  • Formations pro femmes de plus en plus nombreuses
  • L’instant surréaliste de la FFC
  • Pauline, ses talents, ses failles ; Katel, une putain de guerrière
  • MeToo, briser l’omerta

 

Encore un autre 8 mars, une autre journée internationale des droits des femmes … qui nous rappelle les avancées acquises, mais aussi tout ce qui reste encore à accomplir.

journée internationale des droits des femmes 8 mars 2020 ONU

Une vaste question, sans cesse bouleversée par les prises de positions des fédérations, les avancées des grandes marques, mais aussi (mais surtout) une parole qui se libère.

Il faut que le BON message se propage

“On veut parler à tout le monde, pas seulement à 50% de la population” — Christian Prudhomme.

C’est l’annonce de la semaine : le Tour de France féminin renaîtrait bientôt de ses cendres, trente ans après la dernière édition. “On veut parler à tout le monde, pas seulement à 50% de la population”, ajoute l’organisateur de la Grande Boucle, Christian Prudhomme. Une bonne nouvelle pour le cyclisme féminin, qui voit une de ses plus chères demandes enfin exaucée.

Après le Tour d’Italie, la bande à Cordon-Ragot et Vos va avoir droit à son deuxième Grand Tour de la saison. Cette grande avancée ne doit pas faire oublier les autres chantiers en cours, mais il faut s’en satisfaire, savoir apprécier les bonnes nouvelles de ce type.

Cette semaine, l’équipe Arkéa présentait sa section féminine, emmenée par la multiple championne du monde de duathlon Sandra Lévénez, et les prometteuses Lucie Jounier, Typhaine Laurance… Les formations professionnelles sont de plus en plus nombreuses à se lancer dans l’aventure du cyclisme féminin.

Il n’est pas rare désormais de voir les deux équipes réaliser des stages de préparation conjointement. Chez Sunweb, à table, se mélangeaient staff, coureurs de la formation World Tour, espoirs de la réserve, et équipe féminine. Tous logés à la même enseigne.

Sur les 19 équipes World Tour, 7 comptent désormais une formation féminine : Movistar, CCC, FDJ Nouvelle Aquitaine, Mitchelton Scott, Trek Segafredo Women, Astana, et Lotto Soudal. Un salaire minimum a été instauré (15 000 € annuels en Pro Tour, puis ce sera 20 000 en 2021, et environ 30 000 € en 2023).

En 2020, les marques, organisations ou autres n’ont plus le droit à l’erreur. Les femmes ont compris qu’elles avaient une voix qui compte, et surtout qu’elles devaient s’en servir. Tout est désormais une question de message. Est-ce passer un bon message que de proposer des réductions pour des vêtements, achats en ligne, le 8 mars ? Est-ce vraiment ce qu’il faut continuer de faire ? Ne nous trompons pas de combat.

Nous nous battons pour une égalité juste, mais nous ne demandons pas de traitement de faveur. Pas de réductions spéciales “Journée de la femme”, pas d’événements 100% féminin… Il faut mêler les hommes à notre combat, et ne pas requérir à tout prix les mêmes choses que nos homologues masculins, sous prétexte que nous en avons le droit. Il faut agir avec raison, et avec cette prise de recul nécessaire pour mener à bien des actions rigoureuses.

De plus en plus de marques ont compris qu’il valait mieux s’associer à une personne réelle, avec une vie “banale”, se rapprochant du quotidien de la plupart des abonnées, pour faire entendre leur slogan. Mais certaines signent et persistent, préférant entretenir le rêve et le mensonge. Merci à celles qui jouent le jeu, en ne cachant pas leurs faiblesses, et en partageant juste leur passion, sans calcul, sans s’inventer une vie de championne de Strava.

Travailler le message, donc. La ville de Lyon met en place la véloparade En S’Elles, ce dimanche 8 mars. Le peloton passera dans les rues qui portent des noms de femmes, à partir de 14h30, depuis le square Saint-Marie Perrin. Hommes et femmes sont les bienvenus. Il faut travailler conjointement.

Le message. La FFC s’est complètement plantée dans son plan de communication “Les Missyclettes”. L’intention est bonne, enfin la fédération prenait en compte l’ensemble des pratiquantes féminines pour tenter d’encourager à prendre le vélo et sortir faire un tour, dans le cadre d’une compétition ou non d’ailleurs. Mais pourquoi ce nom ? Pourquoi ces illustrations de princesse Disney ? Il fallait mettre en avant de vraies héroïnes. Inutile de revenir dans les détails de cet instant surréaliste, l’heure est désormais aux actions plus productives.

 

J’aimerais parler de Pauline Ferrand-Prévot, que nous connaissons depuis ses 18 ans et ses titres de championne du monde junior. Nous l’avons suivie toutes ces années, vécu avec elle son titre mondial de 2015, sa désillusion à Rio, ses opérations à l’artère iliaque, son retour brillant en VTT.

Pauline est humaine, elle a ses talents, et ses failles. Elle ne se cache pas. Quoi de plus parfait pour représenter le vélo féminin qu’une sportive qui, à l’image de Thibaut Pinot, a toujours assumé ses descentes en enfer, pour finalement revenir plus forte ?

J’aimerais mettre en avant Katell Alençon. Katell était valide, et passionnée de vélo. Mais Katell a eu une entorse, mal soignée, qui l’ont laissé trop longtemps en fauteuil. Alors Katell a demandé à ce qu’on lui coupe la jambe.

La jeune Finistérienne a repris très rapidement le vélo. Elle a participé aux JO de Rio. Elle vise désormais Tokyo. Katell, c’est un sacré caractère (normal, elle est finistérienne), et une putain de guerrière, qui représente à elle seule toute la volonté, la hargne, et le courage que l’on peut retrouver dans le cyclisme féminin.

J’aimerais qu’on partage les histoires de Marie, de Jade, de Stéphanie, de Muriel. De ces championnes, de la compétition ou du quotidien. Celles qui ont décidé de faire de leur passion leur métier, ou celles qui se trouvent un peu de temps pour elles pour dépasser leurs limites. Celles qui, outre le salaire peu mirobolant et la perspective de cotisations retraites bien faibles, continuent d’optimiser leur quotidien pour avoir la meilleure carrière possible. Et qui, dans leurs actions, entraînent, poussent des jeunes filles au quotidien à venir à l’entraînement, à prendre une licence. Celles qui, entre leurs études, leur travail, les enfants, les contraintes de la vie quoi, prennent le temps de partir rouler.

Tout est une question de message, donc. Quel message peut-on envoyer, aux cyclistes ou femmes travaillant dans le milieu du vélo, qui ont été victimes de harcèlement, d’agressions, de viols ? En pleine période “MeToo”, alors que d’autres sports ont déjà vu des affaires sortir grâce au courage de sportives comme Sarah Abitbol, il est temps que le cyclisme fasse sa révolution de ce côté.

Maggie Coles-Lyster et Sara Youmans, deux coureuses nord-américaines, ont raconté au Monde ce qui leur est arrivé. Le problème est réel, et il est temps que les instances s’en emparent, et donnent confiance aux femmes qui ont vécu l’inacceptable.

Mesdames, sachez qu’ici vous serez soutenues, et que parler, mettre des mots sur ce qui vous est arrivé, vous fera du bien. Certes, la propagation du coronavirus est inquiétante, mais cela ne doit pas enrayer l’avancée énorme des dernières semaines, qui a causé un énorme choc dans le monde du sport. Il faut que le combat continue.

Il est difficile de ne pas lier cette journée à cette autre “honte du 21e siècle”, à savoir l’écologie. Mais pour cela, ne comptez pas sur nous pour attendre la journée mondiale de l’environnement (le 5 juin), pour vous en parler.

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