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Interview de Katja, la gagnante du Tour d'Afrique à vélo 2016

Interview de Katja, la gagnante du Tour d'Afrique à vélo 2016

Interview de Katja, la gagnante du Tour d'Afrique à vélo 2016

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Le Tour d’Afrique à vélo, c’est 4 mois pour relier le Caire au Cap. Un défi relevé par Katja. Elle nous raconte son incroyable aventure.



Le Tour d’Afrique à vélo est une course/aventure d’environ 4 mois qui consiste à relier à vélo le Caire en Égypte au Cap en Afrique du Sud. Bien qu’il y ait un classement, c’est avant tout une épreuve humaine et sociale où le dépassement de soi est de rigueur. Cette année, pour la première fois depuis sa création, c’est une femme qui a gagné la course devant les hommes ! La gagnante a répondu avec plaisir à nos questions pour Ellesfontduvelo.
Sur cette édition 2016, seulement trois personnes ont réussi à faire l’intégralité des étapes, c’est-à-dire sans en sauter aucune. Parmi ces trois cyclistes, deux femmes: Emma Houterman (Pays Bas) et Katja Steenkamp. Katja fut la plus rapide, elle remporte donc la course et Emma finit 2ème. Ça fait donc deux femmes sur le podium scratch, incroyable!

Le tour d’Afrique 2016 en chiffres:

  • 4 mois (de janvier à mai)
  • 12088km
  • 121 jours
  • 10 pays (Egypte, Soudant, Ethiopie, Kenya, Tanzanie, Malawi, Zambie, Botswana, Namibie, Afrique du Sud)




Table des matières

Bonjour Katja, peux-tu te présenter rapidement?
Comment t’est venue l’idée de participer au Tour d’Afrique (TDA)?
Peux-tu nous raconter comment s’est passé ton Tour d’Afrique?
Quels ont été les pires et les meilleurs moments?
Racontes-nous comment tu as réussi à gagner devant les hommes
Comment t’es-tu préparé? Avais-tu du support et des sponsors?
Serais-tu partante pour recommencer une prochaine édition?
Pourrais-tu donner des conseils aux lectrices de efdv qui seraient motivées pour se lancer dans l’aventure?




Bonjour Katja, peux-tu te présenter rapidement?

Je viens de la très belle ville baroque Dresden, en Allemagne de l’est, mais j’ai déménagé au Cap quand j’avais la vingtaine en 2006 et je vis ici depuis.
D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours fait du vélo. J’allais à l’école, à l’université puis au travail à vélo. À partir du moment où j’ai habité au Cap, je me suis passionnée pour le VTT et j’ai commencé à faire des courses locales. J’adore les pierriers, les marches techniques en descente et participer occasionnellement à des enduros et des courses de cross-country. Vivant en Afrique du Sud, il n’est pas surprenant que mon agenda de courses soit principalement composé de courses de VTT par étapes et de VTT marathon (NDLR: ces formats sont très populaires en Afrique du Sud). Je ne fais pas énormément de route, mais je fais occasionnellement la boucle de la péninsule, une des sorties les plus pittoresque au monde! Récemment, je viens de découvrir le gravel et je suis déjà accro.
Avant, je travaillais dans l’étude de marché et je voyageais beaucoup. Je rencontrais de nouvelles personnes et découvrais le pays dans lequel je vis. L’année dernière, j’ai décidé de combiner mon travail avec ma passion pour le cyclisme. J’ai donc créé une entreprise de tourisme à VTT: BreakAway Rides. A côté, je propose également des stages de perfectionnement technique pour adultes et pour les enfants.
Je consacre aussi énormément de temps par semaine à l’association Qhubeka. C’est une ONG extraordinaire qui aide à la distribution de vélos Buffalo (voir la photo ci-dessous) pour les enfants, femmes et entrepreneurs vivant dans des régions reculées et défavorisées d’Afrique du Sud.
Nous n’avons qu’une vie, alors il vaut mieux la remplir avec des choses que l’on adore faire!

Buffalo bike in Nanyuki
Buffalo bike

Katja a rencontré pendant la course plusieurs jeunes qui possédaient un Buffalo bike!
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Comment t’est venue l’idée de participer au Tour d’Afrique (TDA)?

J’ai constamment le désir d’explorer le globe, si possible 24h/24 et 7j/7. Si seulement j’avais un travail qui me payait pour ça! J’adore les voyages où on est actif, je n’aime pas rester assise pendant longtemps comme c’est le cas lorsqu’on voyage en voiture. Faire du vélo me maintient en forme tout en me permettant de découvrir de nouvelles cultures et des gens dans différentes parties du monde. Aussi, j’ai un incroyable appétit qui me permettrait d’engloutir les différentes spécialités culinaire de chaque pays. Parfait!

J’ai commencé par chercher à réaliser un voyage de 1 à 2 mois à travers le sud de l’Afrique. Au cours de mes recherches, j’ai rencontré les personnes du TDA et j’ai complètement accroché à partir du moment où j’ai vu l’itinéraire. Ça semblait parfaitement correspondre à ce que je voulais faire. En plus, mon penchant pour la compétition a été attiré par l’aspect course. Pourquoi rouler pendant 1 à 2 mois à travers le sud de l’Afrique alors que je peux faire tout le continent depuis le Caire jusqu’au Cap? C’était il y a 4 ans. Avec mon mari Pierre, on a discuté pour savoir comment s’organiser. Cette période de temps m’a permis de me préparer, pas seulement financièrement, mais aussi physiquement et mentalement.

reunited with Pierre
Katja et son mari Pierre
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Peux-tu nous raconter comment s’est passé ton Tour d’Afrique?

Oh, c’était juste fabuleux. On s’est tous retrouvés au Caire quelques jours avant le départ, temps pendant lequel on a pu apprendre à se connaître. Par rapport au départ, la plupart d’entre nous a perdu pas mal de poids. La barbe et les cheveux ont également bien poussés pendant la course! Les organisateurs étaient professionnels et se démenaient pour subvenir à n’importe quel de nos besoins. La nourriture était excellente. Avant de partir, je m’attendais à des repas simples comme par exemple des pâtes à la sauce tomate. Mais Errol, le cuistot du tour, créait des repas incroyablement diversifiés, en accord avec les ingrédients locaux disponibles, et a surpassé mes plus grandes espérances.

Un repas lors du TDAUn repas lors du TDA
Réunion d'avant courseRéunion d’avant course

L’organisation était très bien rodée. La route était fléchée chaque jour et le briefing de la veille nous préparait en détail sur ce à quoi il fallait s’attendre le lendemain. Grâce à l’équipe du TDA, je me sentais sécurisée et en sécurité tout le long du voyage.
Sur le vélo, on ne voit pas seulement le pays, on le ressent, on l’entend et on le respire. Nos sens sont constamment stimulés. Le contact auprès des locaux, les montées difficiles, les tempêtes de sable en plein désert, ou la circulation complètement dingue dans les grandes villes, tout ceci rend le voyage enrichissant. Quelques fois époustouflant, c’est ce qui rend l’expérience du voyage pure et authentique. J’ai adoré chacune des minutes de cette aventure.

Tour d’Afrique à vélo
Katja avec des jeunes soudanais
Tour d’Afrique à vélo
Petite pause dans un commerce kenyan
Tour d’Afrique à vélo
Avec des locaux en Ethiopie
Tour d’Afrique à vélo
Rencontre avec un cycliste local juste avant Khartoum

Dans la vraie vie, chaque jour est rempli de centaines d’engagements, obligations. C’est complexe, compliqué et souvent on a l’impression de s’y noyer. En faisant un voyage comme le TDA, on vit une vie belle et simple. On dort, on mange, on roule. Pas d’autres préoccupations que d’aller du point A au point B à vélo.
riding with the TDA girls
Ok, il faut aussi aimer l’aventure. La plupart du temps, pendant les deux premiers mois, il n’y avait pas de douches ni de toilettes, 121 jours à dormir dans une tente, l’intimité restreinte et les variations constantes du climat allant du désert aride à l’humidité tropicale, font partie de l’aventure.

Sandy affair in EgyptQue de sable en Égypte!
Stuck in TanzaniaD’autres difficultés sont rencontrées en Tanzanie
dramatic sky before a tropical thunderstormJuste avant l’orage…

J’ai vécu la meilleure aventure de ma vie. Cette aventure m’a entièrement satisfaite et je suis remplie de souvenirs en pagaille pour le reste de ma vie.
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Quels ont été les pires et les meilleurs moments?

Les meilleurs

Recevoir mon vélo de gravel/cyclo-cross à Nairobi (Kenya) était un des meilleurs moments. Après avoir roulé 6000km sur mon Specialized Epic (VTT), je pouvais enfin rouler plus efficacement sur les routes goudronnées et plus rapidement en montée. J’ai commencé avec mon VTT pensant que ça serait plus confortable. Toutefois, le réseau routier Africain s’est bien amélioré ces dernières années. Par conséquent, un vélo de gravel ou une randonneuse est sans aucun doute le meilleur choix.
au sommet du monde juste avant d'entrer au Malawi
Au sommet du monde juste avant d’entrer au Malawi
Une autre chose incroyable était de rouler à travers la jungle de Tanzanie. Rapidement après Arusha, on est sortis de la route principale pour aller hors des sentiers battus, principalement à travers d’épaisses forêts tropicales, parcs nationaux et petits villages jusqu’à Mbeya. À partir du moment où mes roues ont touché ce sol, je me sentais comme un poisson dans l’eau. On avait roulé la plupart du temps sur des routes goudronnées depuis le Caire. Ces 5 jours en Tanzanie étaient les plus funs sur le vélo. Je me sentais en harmonie avec la nature et l’environnement, je ne voyais pas les kilomètres passer.
J’ai vécu un autre moment incroyable quand j’ai senti les draps de mon lit dans ma chambre d’hôtel après un mois de vie dans le désert. Bien que banal, dormir dans un lit et avoir une douche chaude m’a donné la chair de poule. Une sensation que j’ai pu ressentir plusieurs fois durant ce voyage.
Au Kenya, je suis rentrée dans un magasin un soir et il y avait cet enfant qui me suivait. Il ne devait pas avoir plus de 4 ans. Il a marché à côté de moi pendant 10 bonnes minutes et puis tout d’un coup, il m’a tenu la main. On a marché un petit moment ensemble, il avait un immense sourire aux lèvres. On ne s’est pas vraiment parlé, mais à ce moment je me suis senti connectée à cet enfant et au peuple du village.

Les mauvais

Je n’arrive pas vraiment à me rappeler d’une situation négative sur le tour. Bien sûr, on a vécu plein de moments éprouvants, tels que des forts vents de face pendant des heures. Ou encore l’intimité restreinte, en particulier dans les régions arides et chaudes du nord de l’Afrique, où les cyclistes n’avaient pas d’autres choix que de se blottir sous le peu d’ombre fourni par le camion. On était au milieu de nulle part et on ne pouvait pas se cacher de la chaleur. Une autre situation éprouvante était le jour où on a roulé sur des routes ondulées et dans le sable pendant 50km en Namibie. Avec des pneus de 32mm, je m’enfonçais dans le sable. J’avais l’impression que quelqu’un était sans arrêt en train de me tirer en arrière. J’étais tellement épuisée ce jour-là que j’ai hurlé dans le vide du désert du Namib.

I don't like this signRoute ondulée démoniaque
laundry day in MbeyaJour de lessive au TDA

Ah oui, il y a aussi ce jour où j’ai marché pieds nus sur une sardine d’une tente. C’était extrêmement douloureux, EXTRÊMEMENT. J’ai failli perdre mon «EFI» ce jour-là, un statut que les cyclistes reçoivent à l’arrivée au Cap quand ils ont roulé chaque kilomètre («Every F****** Inch») du tour sans aucune «journée camion». J’ai quand même continué à rouler plus ou moins sur une jambe pendant quelques jours. Le support médical du tour était fantastique et a fortement contribué à une rapide guérison. Mais tout ceci fait partie de l’aventure d’un TDA.
Always welcomed by a huge crowed. Tanzania
Le camion suiveur

Racontes-nous comment tu as réussi à gagner devant les hommes.

Je pense que c’est un mélange d’éléments qui a contribué à la victoire. Beaucoup de repos, une alimentation équilibrée, un rythme approprié, le support mental de la famille et des amis, et par-dessus tout une énorme part de chance!
Remise des prix
Remise des prix
Mon surnom pendant le tour était «la reine de la sieste», je pouvais disparaître dans ma tente pour un petit roupillon dans l’après-midi. S’il faisait trop chaud, j’essayais au moins de m’allonger à l’ombre du camion pour m’y reposer. À chaque jour de course, on devait se lever à 5h du matin, donc j’allais me coucher pas plus tard que 20h pour avoir suffisamment de sommeil. Comme tous les sports, la récupération est la clef pour rester forte et en bonne santé. De plus, du fait de rouler dans différents pays, on est exposé à une multitude de nouveaux organismes dont notre corps n’a pas l’habitude. Le repos aide au maintien d’un bon système immunitaire après une longue et difficile journée sur la selle.
La maison de Katja
La maison de Katja
La nutrition est un autre élément très important pour être capable de maintenir un niveau d’énergie approprié et surtout pour maintenir sa force physique et mentale. Le TDA nous servait une alimentation suffisamment équilibrée. En complément des portions quotidiennes, je prenais sur le vélo des produits énergétiques des marques Perpetuem et Hammer Nutrition bien connues pour leurs produits dédiés à l’ultra. Cela me permettait d’avoir un apport calorique en protéine et glucide suffisant pour chaque étape qui duraient entre 4h et 8h.
J’avais pour objectif de rouler à un rythme qui correspondait à 70-85% de ma fréquence cardiaque maximale. Pas trop doucement ni trop vite, ce qui me permettait de rouler fort mais en confiance et avec suffisamment de concentration pour réagir à ce qui pouvait surgir sur la route. Je m’autorisais à aller plus fort dans l’effort uniquement les jours qui précédaient un jour de repos.
En Namibie, en direction du désert du Namib
En Namibie, en direction du désert du Namib
J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir échanger mon VTT pour un vélo de gravel, un Specialized Diverge Elite pendant le TDA. À partir de ce moment-là, tout a changé pour moi concernant la course. Je pouvais rouler plus vite pour moins d’efforts.
Mes amis, ma famille et surtout mon mari m’ont apporté un énorme soutien mental. Il y a eu des moments difficiles pendant le tour, quand on a l’impression qu’on n’a plus la force de faire quoi que ce soit. Leur compassion et leurs preuves d’amour m’ont transportée mentalement à travers ces moments pénibles.
Sur un voyage de 4 mois comme le TDA, on fait face à beaucoup d’imprévus. On a besoin d’une bonne part de chance pour arriver entier jusqu’au Cap.
Un éléphant visitant le campement
Un éléphant visitant le campement
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Comment t’es-tu préparé? Avais-tu du support et des sponsors?

L’année précédant le TDA, j’avais prévu de faire des longues distances et des courses par étapes pour me préparer mentalement et physiquement.
Hammer Nutrition est mon sponsor depuis 2015 et m’a fourni des produits nutritionnels pour le tour.
John O’Connor, un magasin de vélo du Cap, a préparé mon VTT pour le voyage. Ils m’ont aussi donné quelques cours de mécanique pouvant être nécessaires au cours d’une aventure tel que le TDA.
Girls that know how to fix punctures
Réparation de crevaison
J’ai contacté Cape Union Mart, un acteur majeur dans le secteur de l’outdoor en Afrique du Sud, et j’ai reçu des réductions pour tout l’équipement dont j’avais besoin (tente K-Way, sac de couchage, matelas…). J’ai aussi reçu une poche à eau K-Way pour être sûre d’avoir suffisamment d’eau lors des étapes dans les régions très sèches d’Afrique.
Des chameaux au Soudan
Des chameaux au Soudan
Revolution Cycle du Cap m’a aidé à obtenir un vélo gravel et l’a préparé pour qu’il puisse subir les routes d’Afrique.
J’ai préparé ce voyage pendant 4ans, ce qui m’a permis d’économiser le budget nécessaire.
J’en profite pour ajouter que j’ai parcouru ce tour avec également une action associatif. En effet, tout au long du TDA, j’avais pour but de récolter des fonds pour l’ONG Qhubeka. Vous pouvez encore y participer sur cette page.
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Serais-tu partante pour recommencer une prochaine édition?

Je vais certainement voyager à nouveau avec TDA Global Cycling, l’organisation derrière le Tour d’Afrique. Ils sont très professionnels. Ils nous soulagent de nos soucis et de l’administration qui accompagnent l’expédition pour nous permettre de nous concentrer sur les étapes et la beauté de chaque pays traversé. Ils proposent des tours tout autour du globe. J’ai déjà les yeux sur un voyage au milieu de l’Amérique ou la «Silk Road» (route de la soie) qui part d’Asie jusqu’en Europe de l’Est. Ne le dites pas à mon mari! Ahahah!
Katja traversant l'équateur
Katja traversant l’équateur
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Pourrais-tu donner des conseils aux lectrices de efdv qui seraient motivées pour se lancer dans l’aventure?

Si vous voulez faire le tour entier depuis le Caire jusqu’au Cap tout en souhaitant le finir sans aller dans le camion, il faut être raisonnablement entraînée. Vous n’avez pas besoin de faire la course pendant le TDA, mais vous devez tout de même couvrir de longues distances chaque jour. Assurez-vous d’avoir un bon kilométrage dans les jambes, sinon votre corps sera exposé à un stress inhabituel et vous aurez plus de (mal)chance de tomber malade. Vous n’allez pas pouvoir apprécier chaque étape si vous devez «survivre» chaque jour. Cependant, il y a toujours l’opportunité de monter dans le camion, ou de faire juste la moitié d’une étape par jour.
Malawi
Chose importante, il faut s’assurer que votre vélo soit réglé pour votre morphologie. Faites régler votre vélo et faites quelques centaines de km avant de partir. Je recommande un vélo de cyclo-cross/gravel, une randonneuse ou un VTT semi-rigide avec des pneus fins.
Ne négligez pas votre équipement sachant que vous allez les utiliser chaque jour pendant 4 mois.
«Less is more». Si vous ne pouvez pas faire rentrer vos vêtements, vos équipements de vélo et de camping dans un sac de 90L, c’est que vous avez trop pris. Croyez-moi, vous aurez besoin de très peu de chose lors d’un périple à travers l’Afrique.
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Thanks a lot Katja for sharing your experience with us!

Et vous, avez-vous vécu une telle aventure?
Crédit photo: Katja Steenpkamp

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