Un premier cas de harcèlement sexuel sanctionné par l’UCI
Depuis plus d’un an maintenant, le monde du sport vit son #MeToo. La parole s’est libérée. Désormais, il faut des actes. L’UCI vient d’en réaliser un premier, avec la suspension d’un dirigeant pour harcèlement sexuel.
C’est une première dans le monde du cyclisme. Patrick Van Gansen, ancien manager de l’équipe féminine Health Mate, a été suspendu jusqu’en 2023 par la commission disciplinaire de l’Union Cycliste Internationale (UCI). Il est accusé par plusieurs coureuses de harcèlement sexuel. S’il souhaite reprendre une licence et revenir travailler dans cet univers, il devra suivre un programme de sensibilisation au harcèlement sexuel au travail.
Cycling News avait sorti une première enquête en juin 2019, révélant que trois cyclistes avaient décidé de dénoncer le comportement abusif de leur directeur sportif Patrick Van Gansen. Le journal Le Monde avait pris le relais en février 2020, en donnant la parole à d’autres jeunes femmes, elles-aussi victimes de harcèlement dans le milieu.
10 témoignages de coureuses pour harcèlement
Le cyclisme féminin était alors en pleine professionnalisation. Les contrats précaires étaient majoritaires. Les coureuses pouvaient participer aux plus grandes courses du monde, mais elles n’était pas payées.
Sur les dix témoignages recensés à l’encontre de Patrick Van Gansen, tous évoquent son comportement inapproprié. Réflexions sur le physique des coureuses, demande de câlins avant d’aller dormir… La Française Chloë Turblin a été l’une des premières à porter plainte contre lui, pour harcèlement psychologique et physique, abus de faiblesse, intimidation et diffamation.
Une première sanction qui ouvre la porte à une libération de la parole
Après plusieurs semaines d’enquête, la commission d’éthique de l’UCI a déclaré le manager coupable de violations de son code éthique, en avril 2020.
C’est à la fin du mois de février, soit dix mois après, que la sanction est officiellement tombée. Patrick Van Gansen est donc suspendu. Et les victimes, dont la parole a été entendue, vont pouvoir tourner définitivement la page.
En 2018, une enquête de la fédération néerlandaise révélait que 13 % de ses cyclistes de haut niveau avaient subi un comportement inapproprié à caractère sexuel (propos déplacés à attouchements). Le chemin est encore long, mais cette affaire crée un précédent qui va encourager les cyclistes vivant des situations similaires, à parler pour se protéger. Stop au harcèlement.
