Marie-Claude Dumais a relevé le Défi Everesting à Montréal le 18/06/17
Pendant 32 heures, elle a gravi et dévalé à 80 reprises, sans dormir, la voie Camillien-Houde, soit 9059 mètres. Marie-Claude Dumais est la première Canadienne a avoir complété le Défi Everesting à Montréal.
Défi Everesting à Montréal relevée par une femme
Marie-Claude Dumais, une infirmière, devient ainsi la première Canadienne, et la seule, à avoir complété le Défi Everesting à Montréal. Ce dernier a été fondé en 2014 par un Australien. Dans le monde, moins de 2000 personnes ont relevé le défi. L’objectif était d’amasser des fonds pour la lutte contre le cancer de la prostate.
Écoutez le reportage du Défi Everesting à Montréal sur Radio Canada
Nous remercions Marie-Claude Dumais pour la rédaction et le partage de cet article avec nous.
La première femme au Canada a avoir relevé le Défi Everesting à Montréal
80 montées du Camilien Houde, sans dormir, pour un total de 9059 m d’ascension!
J’avais personnellement mis le projet aux quasi-oubliettes faute de dame nature qui ne semblait vouloir collaborer avec l’idée de sortir dehors pour faire du vélo… Un bon matin, mon homme, Yves, m’explique qu’il a fait un rêve, entre une toast au beurre de peanut et l’habituel café de monsieur, il me lance: « j’ai rêvé qu’on roulait l’everesting 24 hres avant le Tour du Courage* et que l’on finissait avec tous les cyclistes dimanche matin ». Je pense que cette nuit-là, papi avait compté les Camiliens plutôt que les moutons pour s’endormir. À une semaine d’avis, papi avait semé cette petite flamme en moi et hop… On tente le tout pour le tout. Everesting it will be!!!
Joindre notre défi au Tour du Courage Procure (lutte contre le cancer de la prostate au Québec) relevait d’une grande importance. L’occasion était parfaite pour continuer notre campagne de financement et d’amasser davantage de dons. Qui plus est, nous avions ainsi la possibilité d’être entourés de cyclistes voués à la même cause pour nos dernières ascensions, le petit genre de chose qui peut faire toute une différence sur le MENTAL!!!
D’être la première femme au Canada à réussir cet exploit pour une cause qui touche les hommes me fait le plus grand bien. Et non, je n’ai pas de prostate, mais du chien en maudit pour s’attaque à l’Everest! Nous avons amassés la coquette somme de 7420$.
Pour être honnête, je me suis souvent sentie comme une imposteur sur le Camilien… Mon agilité sans nom à deux roues ne me permet pas d’arrêter (et de repartir) en pleine montée. C’est donc tout un défi de coordonner la descente avec la circulation automobile de façon à ce que je puisse faire un petit demi-tour et commencer immédiatement l’ascension.
Mon meilleur temps est de 7min 50 sec sur ce segment, mes montées habituelles sont plutôt de l’ordre de 9-10 minutes si pas plus. Pour le défi, nous pensions faire 4 montées à l’heure, mais nous avions oublié les éléments météo et fatigue.
Sur CH, je me sens souvent comme une cible, un target… tient.. je vais essayer d’aller rejoindre la tite madame qui roule pas vite en haut là, assise sur son ti vélo… Encore ici, je suis plutôt novice et gênée d’admettre que ne sais pas comment monter en danseuse. (oui oui, les 80 montées ont été faites les fesses sur la selle avec ma granny gear(32)!)
Début du Défi Everesting à Montréal
Samedi matin 6h10, nous débutons notre longue aventure….
Nous avons déjà nos premiers supporters: Laurent, le fondateur du Tour et DG de Procure et Josée son épouse qui sont parti de Lorraine pour voir notre départ. (ils reviendront dans la journée puis à 22h30 pour déplacer notre voiture, stationnement de nuit interdit au belvédère, et un peu avant 5h00 le dimanche matin pour l’organisation du Tour du Courage)
Monte-Descends-Monte-Descends… monte-descends.
Les premières montées du Défi Everesting à Montréal vont plutôt bien, nous sommes gonflés à bloc, il fait beau, frais, pas trop chaud. La pluie et les orages que dame nature nous prévisionnait sont complètement dissipés, bref une bien belle journée.
Tranquillement, le soleil commence à radier de tous ses rayons et y fait chaud en y’able.
La pause dîner est grandement méritée.
Un ami cycliste, Nathaniel et sa famille, est arrivé avec 2 bonnes slushs bien froides.. mmmm sucre et glace… c’était sublime. Juste parfait. Nous venions de quitter Martin Defrag alors que Pascall, Etiti et sa petite famille se joignent a nous. Etienne est venu avec son fils Léo, 10 ans. Vélo de route, cale-pied, il roule comme un vrai. Il a suivi ma roue pendant 2-3 montées, le sourire aux lèvres. Il est un petit homme bien fort et il roule super bien. Un beau petit bout d’homme.
Les heures passèrent, le paysage ne changeait guère… toujours la même maudite espèce de côte. Une descente, une ti côte, un faux plat, une autre tite côte pour atteindre le belvédère puis par la suite ça s’adoucit. Nous connaissons les crevasses et détritus sur notre passage par coeur.
Il fait toujours de plus en plus chaud, j’ai le moral qui commence à aller un peu moins bien. Je fais les maths dans ma tite tête et on ne terminera pas dimanche matin, mais beaucoup plus tard. Crise de larmes; « il est quand même pas question qu’on finisse de pédaler cette merde a 14h00 dimanche« , comme toujours papi me rassure… on prendra une montée à la fois… on verra pour le reste.
Il y a foule sur le belvédère, des petites familles, des couples.. des effluves de verdure fumée… on y trouve de tout. Y a même le raton laveur gourmand qui s’agrippe quasi à notre vélo. Il a reniflé nos provisions de bouffe dans nos sacs écureuils… c’est un sac écureuil.. pas raton laveur. Je me bas quasi avec lui, utilisant le vélo pour me protéger, à l’image des policiers sur deux roues. On enferme nos provisions dans l’auto… pas touche le vilain… Il a tenté de se venger. Il a quasi volé mes lunettes!!! Maudit gros gras voleur va!
On s’encourage en se disant que bientôt la nuit viendra… il fera un peu moins chaud et la circulation incessante va cesser. La vitamine gazoline ne fait pas vraiment partie de notre plan de match alimentaire et c’est parfois très long avant d’être capable de traverser sécuritairement la route afin d’entamer une autre montée/descente.
ERREUR!!! Le mont royal est encore plus populaire le soir et la nuit!!!
Les stationnements sont pleins malgré les interdictions. Ça fait quasi même la file du belvédère jusqu’au sommet. C’est noir de monde, et ce n’est même pas une occasion spéciale (genre feu Loto Québec). On vérifie avec des policiers qui passent par là… ça devrait se calmer aux environs de 3-4 hres AM. Grrr… On continue donc de bouffer ben du gaz, y a aussi une petite odeur d’illégalité dans l’air, et c’est sans compter le « boum ti poum ti boum » qui nous casse les oreilles. Moi qui pensais entendre la nature et les petits oiseaux gazouillés.
C’est au tour de papi d’avoir une bonne baisse d’énergie lors du Défi Everesting à Montréal… On prend une longue pause histoire de reposer nos jambes un peu. Il continuera quelques montées, mais le mal était déjà fait. La chaleur extrême lui a été fatale (pourtant ma tite marmotte chaufferette aime la chaleur, faut donc dire qu’il a fait chaud en bitch!) Il a pris la difficile décision d’arrêter, après la 48e montée et 5,600m d’ascension. Il m’encouragea à continuer… « Je souhaite que ce soit toi Marie, la première femme au Canada à compléter l’Everesting » Il me suit en voiture afin de continuer de m’encourager.. oh mon papi d’amour…
Étrangement, mes jambes vont vraiment, mais vraiment bien.
J’ai mes bas supports de grand-mère, couleur chair, histoire d’avoir un méchant beau bronzage bien étrange. Je mange des petits bonbons qui portent le nom Advil. Mais sincèrement, je n’ai pas encore mal aux jambes. Les 20-30 ont été plus difficiles, mais la.. ça roule pile-poil sur le Défi Everesting à Montréal.
Dimanche matin, le soleil se lève sur le Défi Everesting à Montréal
Dans quelques instants ma petite montagne paisible sera remplie des cyclistes du Tour du Courage et de quelques curieux de la Cyclovia. Quelques centaines de personnes! Ça fait du bien d’avoir de la compagnie. Plusieurs sont au courant du défi et le mot se passe rapidement dans les pelotons. On m’encourage, me félicite, me demande à quelle montée je suis rendue… Je suis vraiment émue de tant d’attention… J’ai les larmes aux yeux. Il y a des pelotons d’hommes qui passent, des méchants mollets… le leader crie à sa gang ce que je suis en train de faire… « respect! » qu’ils me disent… Faut croire que finalement, j’y ai ma place sur ce ti Camilien.
Le Tour du Courage prend fin vers 10h00. J’ai à ce moment 72 montées d’exécutées. Il fait encore plus chaud que la veille et les jambes, cette fois, commencent à en avoir assez. Faut dire aussi que j’ai un peu sauté le déjeuner! Nous profitons des remises de prix de l’événement Procure pour une bonne pause bien méritée. Enfin de la vraie nourriture (le macaroni à la viande réchauffé à l’air ambiant ne me tente plus (allo l’intoxication alimentaire), les petites galettes faites maison me tombent sur le coeur, la bouette de yogourt (yogourt grec et gruau) est terminée. Et oh miracle.. une massothérapeute sur le site… oh.. je suis gênée, je ne sens plus, mais vraiment plus la rose, mais oh… des mains de fée qui se sont immédiatement attaquées à la source.. hummm… magique.
Papi discute avec Jean Pagé. Ce dernier avait fait la promo du Tour du Courage et par le fait même de notre défi sur les ondes radio la veille. C’est toujours comique d’entendre la petite hésitation de comment nous présenter: Yves et sa…. blonde/conjointe/complice/amie/femme… Il avait alors décidé de nous marier en onde vendredi. Vois-tu pas qu’il en rajoute sur la scène de Procure dimanche et l’instant de quelques secondes y a ce doute de « papi va-t-il se mettre à genou là là? » Le maire Coderre, lui, est même prêt à nous marier et débute la phrase solennelle devant des centaines de personnes! Mais non, papi est beaucoup plus romantique.
Après avoir dévoré le lunch, nous partons, bien entourée des membres de notre équipe Procure, finir cette chose qu’est l’Everesting. La température frôle les 40 degrés humidex. C’est de plus en plus pénible. Yves m’attend avec la voiture au sommet… ravitaillement eau, bouffe… je profite même de l’air climatisé quelques instants pour me rafraîchir. Papi est inquiet de cette chaleur.. il sait que cette chose est mon pire ennemi. Je continue.. tranquillement… j’écoute mon ti coeur. Pas de folie. 2 montées, pause à la clim et on continue…
Puis finalement, le vrai sommet… Alléluia!
80 MONTÉES, 9059 mètres de dénivelé; sous une chaleur extrême et un trafic incessant. Le Défi Everesting à Montréal aura pris au total 32h36, soit 23h20 en selle. 11,343 calories dépensées.
Un grand merci à nos amis cyclistes et étrangers rencontrés lors de notre Défi Everesting à Montréal
Nous savions que certains amis cyclistes allaient venir rouler avec nous.. n’est-ce donc pas le premier rôle d’un ami… nous supporter peu importe nos singeries? Mais nous furent étonnamment surpris de la générosité de plusieurs étrangers… non seulement pour les billets verts glissés dans nos jerseys odorants (papi fait dire que je sens la soupe Lipton à l’effort), mais aussi par leurs actions. Certains d’entre eux nous ont particulièrement touché:
– Martin Cascadeur de Vélocia: non seulement il est venu rouler samedi et dimanche matin avec nous, mais il est aussi revenu au cours de la journée de samedi. Il a pris le temps d’inscrire des petits mots d’encouragement à la craie, sur la route juste pour nous. De voir « Go Mamie, Papi » « on lache pas » avec l’Everest dessiné à la craie!… Ouf. Nous furent vraiment, mais vraiment touchés.
– Guy: il est venu encourager un ami pour le Tour du Courage. Il discutait avec une dame qui était impressionnée par tous les cyclistes sur CH. Il lui mentionne qu’il existe une épreuve qui consiste à grimper une voie en vélo pour atteindre l’équivalent de la hauteur du mont Everest. Comme papi n’est pas loin, j’arrête à leur hauteur… il comprend alors que je suis à faire exactement la chose dont il parlait! Guy m’a offert de m’accompagner pour le reste de mon défi. Il a été parfait. Un super bon guide, qui a respecté mon rythme, des petits conseils juste assez. Il fut d’une véritable aide. Une véritable étoile. Il pense même lui aussi tenté l’Everesting tellement il a aimé tourné en rond sur une montagne 😀
– Jean-Claude, un membre de notre équipe TDC: il fit une vilaine chute à vélo quelques semaines avant le tour, Le verdict: clavicule cassée. Malgré tout, il prit par au tour, fit 14 montées et compléta pas un petit 6 d’extra pour m’accompagner. Que de courage!
Je ne peux terminer ce récit sans remercier d’autres personnes:
– Tous ceux et celles qui ont pris le temps de faire un don a notre équipe du Tour du Courage Procure et/ou de nous envoyer des petits mots d’encou
ragement. Un sincère merci!
– Les participants et bénévoles du Tour du Courage. Laurent Proulx l’organisateur du Tour du courage Procure, et Josée.
– Jean Pagé pour les encouragements personnels et les promo de notre défi de fou. Ce fut un plaisir de vous rencontrer.
– Nos amis cyclistes qui sont venus partager notre route: Marc, Romain, Nathaniel, Martin (Defrag), Martin (Cascadeur), Pascal, Etienne (Etiti) et sa petite famille, Patrick, Marie-Eve, Marielle et Hélène, Pierre Lappie et Annie, Benoit (le barbu triathlète), Jean-Claude, Guy. (désolée si j’ai fait des oublis…)
– Marc-André Lebeau et Bicyles Quilicot pour le soutien dans nos folies.
– Papi… le dernier et non le moindre. Pour sauter à pieds joints du haut de ses 53 ans dans mes idées de grandeur. Pour partager les mêmes folies. Pour m’encourager, m’épauler et m’inviter jours après jours à me dépasser. Pour tout simplement partager ma vie. Je t’aime xxx
PS. J’ai manqué l’ambulance!!
Pendant que papi cognait des clous sous la chaleur infernale dans la voiture en m’attendant au sommet du CH, un cycliste s’est inquiété. Il pensait que mon papi d’amour avait eu un malaise lors du Défi Everesting à Montréal. Roule à une vitesse folle jusqu’au poste de police pour envoyer une ambulance.. pimpon pimpon… ça débarque devant la voiture, papi surpris sort… oups.. il est bien vivant. Un merci aussi à ce bon samaritain! Et comble du comble… les 2 ambulanciers demandent à Yves de me souhaiter bonne chance et qu’ils veulent que je réussisse.
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* Le tour du Courage est un événement cycliste annuel organisé par l’organisme Procure. Cet organisme lutte contre le cancer de la prostate au Québec. Cette année, le défi avait lieu le dimanche 18 juin sur le Camilien-Houde. Les équipes formées avaient le choix de monter 3-6-9 ou 12 fois la célèbre côte du Mont-Royal. tourducourage.com
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