Anik, itinéraire d'une aventurière à vélo
Issue de Québec, Anik est une battante. Grâce à sa détermination, elle a vaincu son cancer et s’offre aujourd’hui une nouvelle vie d’aventurière à vélo.
« Renouer avec le vélo ouvre une nouvelle et joyeuse parenthèse dans ma vie de survivante. »
Anik nous offre aujourd’hui son témoignage, de Québec à Londres, jusqu’au Sun Trip 2015.
Ma première sortie sur mon vélo tout neuf, j’avais 5 ans, donc à l’été ’72. Ce fût sur un superbe petit Spider muscle jaune avec un siège banane, une version juvénile du Sting Ray 5 vitesses de chez Schwinn. Des franges de toutes les couleurs scintillaient aux poignets du guidon et une clochette actionnée par mon pouce retentissait tout au long de mon parcours inaugural. J’ai fait tout le quartier, deux fois plutôt qu’une, complètement investie d’un sentiment irrépressible de liberté. Au parc, un groupe de garçons plus âgés que moi, avaient supplémenté mon attirail d’une carte à jouer retenue d’une épingle à linge qui imitait le bruit d’un petit moteur. Mon bonheur était à son zénith, au point ou l’heure de rentrer est passée sans que je m’en aperçoive. C’est une auto patrouille de police qui m’a ramené à la maison alertée par ma mère inquiète.
J’ai vécu ma vie de maman en milieu rural dans les contreforts des Appalaches (Centre du Québec) et la topographie peut y être intimidante pour un cycliste au quotidien. Les dénivelés de 12 à 18% sur fond de gravelle font en sorte que le côté loisirs du vélo est rapidement évacué. Pour le sport, je profitais de mes passages en ville pour un exutoire en patins à roues alignées, facilement transportable dans le coffre de la voiture.
Depuis 2010, je suis revenue vivre en ville, à la limite de la vallée du St-Laurent et des montagnes appalachiennes. Les superbes infrastructures sportives de Victoriaville m’ont rapidement fait renouer avec le vélo. Maintenant le boulot et les courses, comme l’épicerie, se font désormais à vélo en été. L’hiver, c’est un autre combat où je ne m’y suis pas encore engagée.
Mon plus beau souvenir et défi à vélo est l’été ’88 que j’ai roulé comme messagère-cycliste dans la cité de Londres. Munie d’un solide vélo de montagne de chez Mongoose, j’ai gagné un salaire très intéressant au sein d’une équipe de gens de mon âge. Les défis se relevaient quotidiennement sur le poids ou volume des colis ou encore la vitesse de la course, la rémunération calculée en conséquence. Je me souviens de négocier des parcours énergiques entre marches d’escaliers, pavés raboteux et les taxis noirs aux freins grinçants.
J’ai un peu honte de l’avouer, mais je ne pars jamais sans mon téléphone intelligent, pour la « baladodiffusion » ou ma musique avec les oreillettes bien en place!
En janvier dernier, c’est un diagnostic de cancer du sein qui s’est abattu sur moi. Carcinome canalaire insitu, au sein droit avec les ganglions sains ; l’un des meilleurs scénarios possible lorsqu’on parle de cancer du sein. Une mastectomie (17 juin) et une convalescence plus tard, me voila en préparation pour l’événement de couronnement de ma victoire contre cette affreuse maladie: Le SUNTRIP. En juin 2015, je serai sur la ligne de départ à Milan pour 8 000km en direction d’Astana au Kazakhstan.
Pour ce faire, je me suis équipée d’un trike. Un fantastique vélo incliné suspendu et léger à trois roues, d’un rouge rubis intense que j’ai nommé Sputnik (спутник). Cela signifie compagnon en russe. Avec une équipe d’ingénieurs de la faculté de génie électrique de l’Université de Sherbrooke (3iT), nous sommes à regarder la combinaison optimale pour le munir d’une structure (toit et remorque) pour supporter des panneaux solaires.
Je trouve des alliés tout en réalisant mon rêve. Je bénéficie d’excellents conseils et d’équipements de Justin chez EBIKE de Vancouver. Une fée-marraine, Anick-Marie T. Bouchard, et un ange-gardien, Cédric Vinatier, tous deux vétérans du SUNTRIP de 2013 et membres de l’organisation du SUNTRIP 2015 veillent sur moi et m’éclairent de précieux conseils et de mises en situation. Le SUNTRIP 2015 me permettra de côtoyer une autre femme qui lutte contre le cancer : Béatrice Cazanave. Elle forme un tandem avec son amoureux Yannick. J’espère bien pouvoir faire un bout de chemin vers Astana avec eux.
De plus, un intrépide sur le terrain, entre le Mont St-Michel et le Mont Fudji, Laurent Houssin, partage avec moi via les réseaux sociaux les hauts et les bas d’un trajet de 20 000km en trike à voile : ASIATREK, c’est à voir sur YOUTUBE.
Renouer avec le vélo ouvre une nouvelle et joyeuse parenthèse dans ma vie de survivante. Participer au SUNTRIP en 2015 me projette dans une vision de moi-même bien loin du lit d’hôpital, des sutures douloureuses et des médicaments. Je me sens férocement vivante prête à affronter de nouveaux défis et de voir la vie différemment..
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