Etape du Tour 2018 : 169 km, 4017 de d+, quelle épreuve !
Étape du Tour 2018 : 169 km, 4017 de d+, quelle épreuve ! C’était aussi difficile qu’annoncé mais magnifique ! Météo idéale, bonne ambiance, un très beau souvenir.
L’Étape du Tour 2018 commence à 4h10
Ce dimanche 8 juillet 2018 commence à 4h10 du matin à la Clusaz avec les sonneries synchrones de nos 2 téléphones… Ca pique…On ne traine pas, la navette qui nous conduit avec 16 autres concurrents à Annecy part dans 35’.
La route se fait dans la nuit et un silence de plomb, mal réveillée, je tente de trouver l’envie de petit déjeuner, premier étage de la fusée… mais c’est mal engagé…on nous a donné la veille un doggy bag avec deux improbables sandwiches pain de mie au jambon et au fromage et nous n’avons pas osé demander au patron de l’hôtel de nous cuire un gâteau de sportif compte tenu de son manque de sympathie ou de sens du commerce avéré et affiché. Au final, je boulotte une brioche aux pralines achetée la veille à Annecy sans trop savoir de quoi il s’agit. C’est idiot, d’habitude je prévois toujours biscuits et jus de fruits dans ce genre de situation mais là les choses avaient été organisées pour moi…
Posés à 3 km du départ nous rejoignons le sas sans encombre. C’est plutôt fluide, je suis surprise, les autres années c’était souvent compliqué d’accéder au sas. Je dois expliquer plusieurs fois que non je ne me suis pas trompée de sas, je vais rester dans le 4 pour être avec David… pas grave de rétrograder de toutes façons je n’aurais pas le niveau pour prendre les roues des cyclistes qui sont dans le sas 3.
Départ de l’Étape du Tour 2018
A 7h départ magique en musique à la fraiche, le bord du lac est magnifique même s’il manque un peu de soleil… emmagasiner du frais, la journée promet d’être chaude. Pas de bousculade, ça roule en paquet, je rétrograde de groupe au fur et à mesure que je me fais décrocher puis rattraper mais c’était écrit. Je fais les 35 premiers km à 32 de moyenne c’est bien suffisant… surtout ne pas lâcher du jus maintenant.
Début de la première montée, chute 2 vélos devant moi, petit moment de panique mais je ne tombe pas et évite l’obstacle. La cycliste qui a chuté dit de suite « tout va bien, rien de mal », je ne m’arrête donc pas ; ça tombe bien car ce serait contreproductif car il y a quand même une forte densité de cyclistes et s’arrêter conduirait inévitablement à un monstre bouchon.
Les jambes sont bonnes, je vais monter à la Croix Fry avec grand plaisir, sans forcer de trop. Je m’imprègne de l’ambiance et du paysage, je sais trop qu’après, la fatigue aidant j’aurais la tête dans le guidon et assez peu le temps de profiter de ce qui m’entoure.
Dans la montée on passe devant le chalet d’Olivier et Sophie… volets clos… dommage j’aurais pu m’arrêter prendre un café ! Ca bascule, petite descente vers la Clusaz, on passe juste devant notre hôtel… c’est vrai qu’on aurait pu rester dormir jusque 8h quand même !!! Bref je suis en mode réverie.
Je glisse jusqu’au premier ravito que je zappe, j’ai encore un bidon plein et des victuailles plein les poches.
Nous voilà au pied de la montée des Glières… c’est tout bien comme on me l’avait décrit. Le pourcentage moyen est annoncé à 11,2%, il y a donc des passages jusque 18% sur mon Garmin. Il faut gérer sans s’énerver. Mais je passe bien avec mon 34/29, en souplesse, moitié assise moitié en danseuse. Je repense aux quelques échanges que j’ai eu sur des groupes facebook de triathlon ou de vélo dans la semaine et aux quelques internautes « bienveillants » qui me prédisaient que je ne passerai jamais avec ce développement… ah ah mais si ! j’y suis et ça passe… tout comme je le pensais !
Bon, il y a bien quelques défaillances autour de moi mais on est très loin de l’hécatombe annoncée.
Passage en gravillons sur le plateau… je fais très attention où je mets ma roue pour éviter de crever, je profite de ce que ça ne roule pas trop vite pour me gaver de paysage… c’est beau. Il y a une ambiance de folie, beaucoup de spectateurs au bord de la route… c’est top !
La descente est bien vite là… je me trouve un abri, un grand avec une combinaison aérodynamique, un David, il a l’air de vouloir appuyer… et en effet on descend à fond. C’est grisant, la route est fermée aux voitures, le goudron est propre et les cyclistes sont plus disciplinés que les autres années je trouve… pas trop souvent besoin de s’annoncer par un « ça double à gauche » en espérant que l’on m’entende (en général ça marche).
Dans la vallée avant le col de Romme les choses se compliquent un peu pour moi. 110 km au compteur, tiens c’est marrant sur l’Ardéchoise aussi c’était le moment le plus difficile. Ca remonte un peu pendant 3 km, j’ai plus de jus pourtant j’ai bien mangé et bu régulièrement… heureusement ça finit par passer… je suis dans les roues d’un groupe qui roule entre 35 et 40, je sens que c’est un peu trop pour moi, je décide de les laisser filer après 10 km. Je me retrouve seule sur les grandes lignes droite, forcément ma vitesse chute juste en dessous des 30… et je m’aperçois après quelques minutes que j’ai été rattrapée par une dizaine de cyclistes qui sont tranquillement installés dans mon aspi…cela va durer plusieurs km sans qu’aucun ne prenne un relai ! A ce moment là j’ai une grosse pensée pour Claire-Sophie à qui il est arrivé la même chose sur les Copains la semaine d’avant.
Le plus dur ce sera de passer Romme à l’Étape du Tour
Le col de Romme… tout le monde m’a parlé des Glières avant la course, tout le monde va me parler de Romme après la course et pour cause… David lui m’avait prévenue, le plus dur ce sera de passer Romme… comme il avait raison…les 3 premiers km sont largement au niveau de la montée des Glières, sauf que je ne suis pas aussi fraiche… mais j’ai actionné le mode escargot alors ça monte….au moins je reste sur mon vélo… parce qu’autour de moi ça pose pied à terre, ça marche, ça se repose à l’ombre dans les virages… la même ambiance que dans Joue Plane sur l’EDT de 2016. Je me fais également beaucoup doubler… je réalise ainsi bien que je suis au ralenti… mais je n’y arrive pas… je n’ai pas mal aux jambes, je n’ai juste ni l’énergie ni l’envie d’accélérer…en plus quand je me mets en danseuse j’ai mal au genou droit, et le bras droit sur lequel je suis tombée en allant nager au lac de Genève vendredi soir me fait souffrir si bien que je ne peux pas tirer sur le guidon… la spirale de pensées négatives s’enclenche… je repense à la semaine qui vient de passer, les déplacements, les diners professionnels et mes entrainements piscine et CAP à des horaires assez inhabituels… et je me dis que j’aurais pu lever le pied… mais l’Étape du Tour était prévue comme un entrainement long dans mon cycle de prépa pour le L de l’Alpe d’Huez… avec Eric, mon coach, on était d’accord et on n’avait donc pas prévu de période d’affutage…là, tout d’un coup je nous déteste.
Je pense à jeter mon vélo dans le fossé
Je touche le fond psychologiquement, pense à jeter mon vélo dans le fossé… et me souviens de ce qu’Eric m’avait dit avant l’Ironman de Nice… sur le marathon ce sera très dur, gère chaque km l’un après l’autre… et c’est là que les choses dans mon esprit rebasculent dans le bon sens… OK là c’est pareil, il reste 6 x 1km… c’est parti… Je lève le nez, aperçois une longue file de cyclistes qui montent jusqu’au chalet qui marque la fin de la montée et je fractionne l’objectif… Je m’amuse d’un gars qui marche chaussures de vélo à la main et tongues au pied…et en même temps je m’interroge… si tu pars avec les tongues dans la poche sur une cyclo, c’est que tu prévois de poser le pied à terre, mais si tu le prévois tu n’as aucune chance que ça n’arrive pas non ? Je chasse les petits taons qui ont l’air d’apprécier le cocktail transpiration + Isostar à l’orange… Je joue à « dans 50 coups de pédale combien de m de d+ j’aurai avalé en plus »… je m’occupe l’esprit… c’est quand même long mais le chalet se rapproche…
Enfin… le sommet… jamais été aussi contente de basculer.
Pendant que je descends, je me dis que je vais m’octroyer un vrai break au ravito avant la Colombière. Je repars requinquée et ce dernier col passe sans problème, même pas eu trop chaud alors qu’il parait qu’il faisait 35 degrés. Je grimpe tranquille, c’est agréable. Il y a beaucoup de monde partout au bord, spectateurs très en forme ou cyclistes arrêtés… je pourrais accélérer mais je sais que mon corps est fatigué. A quoi bon arriver en haut le souffle court et les jambes qui brulent, de toutes façons je ne suis plus à 10mn près…et j’ai raté la barrière des 8h30 que je pensais pouvoir mettre sur cette épreuve. Parce que même quand je ne viens pas en mode course j’ai toujours un petit target dans un coin de mon cerveau, je ne peux pas m’en empêcher !
Col de la Colombière 🚴♂️😍⛰#letapedutour pic.twitter.com/Qg5AhP0RTX
— L’Etape du Tour (@letapedutour) 8 juillet 2018
L’arrivée de l’Étape du Tour 2018 avec la seconde contributrice EFDV
Je gère la dernière descente cool (si je peux faire ça aussi), je ne veux pas risquer la chute idiote par manque de lucidité. L’arrivée est vite là, et je suis rejointe immédiatement par Cath, contributrice EFDV, que je viens apparemment de doubler dans la descente… on est trop fortes… on était quand même plus de 12000 à rouler et on arrive à se retrouver…. Du coup on a pu immortaliser l’instant avec la médaille… moi j’aime bien la banane qu’on a toutes les 2 sur la photo, elle est aussi énorme que les efforts que nous avons fournis !
Quelle belle Étape du Tour 2018
Quelle belle étape, vraiment !! J’ai passé plus de temps dans ma bulle qu’à profiter du paysage mais quand je l’ai fait. C’était vraiment superbe !! Et puis quel beau challenge !
Á l’arrivée, j’ai pensée particulière pour Yohann de notre groupe qui a acheté son vélo il y a 2 mois et roulé seulement 1000 km en région parisienne, il n’a jamais gravi un seul col de sa vie…je me demande s’il va franchir la ligne…il le fera vers 19h après 11h51 d’effort et en n’ayant marché que 2 x2 km en haut des derniers cols ! respect !
Au final nous n’étions que 653 filles classées sur 12158 finishers à l’Étape du Tour. Seulement 5%, c’est peu… Je boucle en 9h00’04 et me classe 228 ème féminine et 6518 ème au scratch ; 38 ème catégorie 45-49 ans… pas si mal…