La Supergrandfondo Galibier – Izoard 2018 par Grand Trophée
La Supergrandfondo Galibier – Izoard par Grand Trophée. J’ai pris le départ. J’ai du abandonner à cause de ma roue. J’y retourne l’année prochaine.
Rejoignez les TEAM @ellesfonduvelo Grand Trophée 2019 et allons rouler ensemble!
La traditionnelle photo au retrait des dossards de la Grand Trophée
Vendredi 22 juin 2018 à 18h: nous venons d’arriver avec ma copine Laure Anne, nous avons retiré nos dossards et comme le veut la tradition des contributrices « Elles font du vélo » nous faisons la fameuse photo de veille de course avec les filles présentes. Photo prise, envoyée à la rédaction et vite mise sur les réseaux sociaux par mon binôme communication EFDV.
Soirée avec Jean-Lou Paiani et la Team Skoda
Nous partons à l’hôtel retrouver d’autres membres du team de Jean-Lou Paiani, mon entraineur. Qui ne fut d’ailleurs pas avec nous sur cette course là car il a été missionné pour entrainer la Team Skoda. On a passé une soirée sympa à discuter de nos courses de la saison et de notre passion. Chouette de voir que, mise à part notre passion pour le vélo nous rassemble, l’autre lien est le fait d’avoir le même entraineur. Avec certains, nous nous connaissons déjà suite aux stages et autres rdv organisés par Jean-Lou et pour d’autres, c’est de toutes nouvelles rencontres.
La traditionnelle photo sur la ligne de départ de la Grand Trophée
Samedi 23 juin 2018 7h00 : rdv des filles sur la ligne de départ.
Je fais la connaissance de Mallaury et d’Anthony qui ont été les heureux gagnants du tirage au sort. Ils viennent de Montpellier et inaugurent leur première cyclo sportive. Ils prennent le départ sur la Médiofondo.
On fait une photo de groupe, je fais connaissance avec de nouvelles copines de vélo. Et hop, les photos sont sur les réseaux. On fait une photo du Team Paiani et hop envoyé à Jean-Lou qui nous souhaite bonne chance.
Je retrouve ma copine Charlotte et on se place dans la case de départ. On rigole un peu. Deux ou trois selfies. Et le départ nous est donné à 7h30.
Grand Trophée Galibier – Izoard 2018, c’est parti!
Le démarrage en côte n’est pas évident, ça bouchonne, j’ai du mal à clipser ma pédale. Bon ça y est, les 600 coureurs de la Grand Trophée sont directement lancés dans le vif du sujet pile poil dans le col du Galibier. On est à la Maurienne, le plus grand domaine cyclable du monde.
Le premier km est assez raide environ 9%. Jean-Lou nous avait dit de rouler un peu avant pour bien nous échauffer, je comprends mieux pourquoi.
Les deux km suivants sont entre 3% et 4%, il ne faut pas s’emballer, 180km nous attendent avec 3 cols hors catégorie : le Galibier depuis Valloire, le col de l’Izoard, et de retour le Galibier depuis le col du Lautaret depuis Briançon. Il fait super froid (3 degrés).
- J’ai cru que j’avais crevé, mais non.
- J’ai cru que ma roue était voilée mais non.
- C’était juste mes cuisses qui étaient congelées.
Il a fallu un moment pour sentir la chaleur des premiers rayons du soleil.
Je croise Sandrine qui est d’Aix en Provence, on discute un peu et on s’encourage. J’aime faire de nouvelles connaissances.
Le panneau « sommet à 10km est là ». On vient de passer au-dessus des 2000m d’altitude. Je sens que j’ai plus de mal à respirer. Je me concentre sur mes exercices de respiration. Je roule doucement, je vois mon cardio assez bas, les watts aussi, je suis bien. Je me gère, la journée va être longue.
J’arrive au plan Lachat, un bon virage en épingle et 8km entre 8 et 10%. La végétation commence à se faire rare, les cailloux apparaissent et je cherche les marmottes du regard. Je les entends siffler. Et là, ça y est j’en vois une. Je suis toute contente. Puis deux ensemble.
Je vois Charlotte en contre bas et lui crie : « t’as vu les Marmottes !!! » Mais elle ne m’entend pas. C’est superbe. J’en profite pour faire une photo. Les jambes vont bien, je suis portée par ce paysage magique. J’ai l’impression de faire du vélo sur la lune.
C’est surréaliste. Le tunnel est juste là, mais nous prenons à gauche pour passer au-dessus. Je dis à la bénévole : « c’est trop beau, j’ai envie de pleurer ». Les deux derniers km sont à 10% voire plus. Toujours plus haut, en haut de cette montagne. Il y a des névés de neige et la végétation se fait encore plus rare. Il n’y a plus d’herbe que de la roche grise ardoise bien tranchante. Je n’arrive pas à expliquer ce sentiment que cela procure d’avoir une telle volonté de grimper ces sommets. Cette envie de vouloir aller toujours plus en haut en vélo. J’essayerai d’y réfléchir pour la prochaine fois.
C’est raide mais ça passe super bien, j’ai un vélo Time à l’essai sur la Grand Trophée. Je sens qu’il fait la différence. Il est souple et très réactif, le col est passé tout seul.
Le sommet est là à 2642m d’altitude. Le ravito aussi. Je me rappelle des conseils de Jean-Lou qui disait de ne pas s’arrêter trop longtemps au sommet pour ne pas avoir trop froid dans la descente. Je remplis vite mon bidon car le prochain ravito est loin, j’enfile mon coupe-vent et c’est parti. Je vois charlotte qui arrive, je lui dis vite de me rattraper dans la descente que l’on fasse la vallée qui va à l’Izoard ensemble. Je passe la ligne qui sera mon arrivée de tout à l’heure.
Et hop, une descente majestueuse qui donne le vertige. Un bruit dans ma roue arrière se fait entendre. J’ai mis mes roues sur le vélo Time en prêt. Hé non ! Non ! Non ! Ce n’est pas possible. J’ai eu un souci avec le corps de roue libre la semaine dernière à la fin de la Morzine Haut Chablais mais ma roue est passée au vélociste. J’ai préféré mettre mes roues sur ce vélo, ceux sont de bonnes roues, mais je sais qu’elles méritent un peu d’entretien de temps en temps.
Je m’arrête 2km plus bas au chalet devant le tunnel. Je demande au monsieur qui sort ses peaux de bête s’il n’aurait pas de l’huile ou de la graisse. Il m’apporte une fiole. J’attends Charlotte. Cette attente me parait interminable.
Je crie : « Charlotte ! Charlotte ! Chacha ! » Même les bénévoles autour se mettent à crier « Charlotte » avec moi. Elle arrive, elle appelle vite son mécano pour nous expliquer comment faire. Sans outil, c’est impossible. Je sors le serre roue, on incline le vélo et huile autant que c’est possible. J’ai de l’espoir, j’y crois fort. Je n’ai pas envie de lâcher.
Nous reprenons la route. Le bruit est toujours là. La roue libre se bloque relevant le dérailleur et bloquant la chaine. Le seul moyen est de pédaler tout le temps. Je freine et pédale en même temps. C’est dangereux surtout dans les virages en épingle. Je réfléchis au parcours, je l’ai appris par cœur. J’ai une grosse descente, dans la vallée, je peux pédaler, c’est bien faux un plat descendant. La montée de l’Izoard va passer, ça ne me le fait pas dans les montées. Mais la descente de l’Izoard va être galère. Non Non, je n’ai pas envie d’arrêter. Je n’ai pas choisi d’arrêter. On arrive au sommet du col du Lauraret. Les 8km de descente ont été un enfer.
Je dois prendre la décision d’abandonner la Grand Trophée
Charlotte s’arrête, je me mets à côté d’elle. On se prend dans les bras, je lui dis que je suis trop dégoutée et je pleure. Elle prend la route, je la regarde partir. Je m’assois sur le bord de la route. Je suis dépitée. J’appelle mes acolytes de vélo, Baptiste et Anaïs (elle ne répond pas cela me fait encore plus pleurer). Entre temps, un monsieur qui était en vadrouille avec son camping-car afin de faire de jolis cols avec son vélo vient regarder le vélo. Il part l’essayer et effectivement revient, me confirmant que le corps de roue libre de ma roue arrière, ma roue personnelle, ne marche plus.
J’appelle Gaëtane qui est sur l’Ardéchoise. Je suis déçue de ne pas avoir rempli ma mission du jour. Je suis déçue de ne pas avoir fait le job pour Grand Trophée. On parle un moment et j’en profite pour lui demander si Nicolas Roux a gagné l’épreuve, elle ne le sait pas encore. Mais oui, il aura encore gagné, Bravo Nico !
J’ai froid, j’attends un gars de l’organisation qui est parti chercher de l’eau pour le ravito du sommet. J’en profite pour relativiser cette situation. Je me demande ce qui me déçoit le plus. Je sais que le mot « Abandon » ne fait pas partie de mon vocabulaire. Mais parfois c’est inévitable. Surtout quand les jambes et l’envie sont là. La résilience est hyper importante en sport mais aussi dans la vie. Avoir une bonne capacité de résilience permet de vite trouver des solutions et de rebondir au plus vite. Je connais l’exercice alors je le mets en pratique. J’introspecte tout ce qui me met dans cet état. Pourquoi cette émotion est là et aussi forte.
Le conditionnement pour faire 180 km et 4500 D+
Il est vrai que ce n’est pas hyper facile de se dire que l’on part pour 180km de vélo avec 4500m de dénivelé, il y a un gros conditionnement qui est fait en amont. Le découpage du parcours, la visualisation des cols, cultiver l’envie d’y aller, de voir les marmottes…
Il faut donc que je coupe cela. J’y trouve aussi la déception de l’abandon. La sensation de l’échec… Je vais chercher au plus profond de moi, tout ce qui est difficile et je me donne ce temps pour le vivre et m’autoriser à être mal. Une fois vécu, je cherche tous les aspects positifs de la situation et je relativise. Je construis le chemin inverse. Je n’ai rien, je ne suis pas blessée, le vélo n’a rien, l’Etape du Tour est dans 15 jours…
Et là je vois Laure Anne remonter et attaquer le col du Galibier sur son autre versant. Je l’encourage ! Elle est sur le Médiofondo soit 76km avec la montée du Galibier dans les deux sens.
Après 1h30 d’attente dans le froid (merci au monsieur du camping-car qui m’avait prêté une veste), la voiture de l’assistance arrive. On remonte à l’arrivée. Je me dis que j’aurais pu le faire en vélo si j’avais su qu’il allait à l’arrivée. J’attendais une voiture qui m’emmène à Valloire directement. Bref, le coup émotionnel m’avait séchée, c’est pas grave. On discute un peu, à force de faire des courses sur le circuit Grand Trophée, on commence à connaitre les têtes du Staff.
On remonte Laure Anne qui est dans son dernier km. Je lui parle, je vois qu’elle souffre. Il faut dire qu’elle s’est donnée la semaine d’avant en gagnant la Grandfondo Santini GF du Ventoux 76km avec la casquette du magazine Elles font du vélo sur le podium!
Arrivée de Laure Anne sur le podium de la Grand Trophée
Elle est forte ma copine ! Je sors du camion pile poil pour être là pour filmer son arrivée. Elle est cuite aujourd’hui, elle a souffert. Elle termine 2ème féminine et 14ème au scratch sur 80. Ouah c’est beau ! Son papa est là. Il nous prend en photo devant le panneau du col. J’en profite pour coller l’autocollant « Elles font du Vélo » dessus pour dire que nous aussi les filles nous l’avons fait !
Nous redescendons sur Valloire. Après une bonne douche et un bon repas. Heu… une pizza pour me consoler 😉 Nous faisons un tour dans une jolie boutique de souvenirs pour acheter 2 marmottes pour mes filles. Nous attendons la remise des prix de Laure Anne.
J’entends le discours des élus qui expliquent que la commune de Valloire et celle de Serre Chevalier se partagent le joli col du Galibier et que l’année prochaine le départ sera donné à Serre Chevalier.
Les podiums passés, je rentre chez moi. Déçue ne pas être venue à bout de cette magnifique étape mais le cœur et la tête remplie de motivation pour y revenir l’année prochaine.
J’ai qu’une seule chose à vous dire : Le Galibier, l’Izoard, Grand Trophée, les marmottes, je reviens l’année prochaine ! Allez les copines, on se motive ! Bravo Charlotte qui termine 3ème de sa catégorie et 7ème féminine.