Histoire du vélo, histoire des mots…
Historiquement, le vélocipède est tout simplement l’ancêtre de la bicyclette. Et pourtant, on parle du vélo mais de la bicyclette. Un clivage de genre à la coloration sociale qui remonte à l’étymologie… ou presque. Réflexion sur une question de langage et de genre, appuyée sur une analyse des Cahiers de médiologie (n°5: La bicyclette).
Qu’est ce qu’un cycle? Quelque chose qui tourne en rond ou qui avance? Les deux: comme la roue, le cycle tourne autour d’un axe et progresse dans une direction.*
L’histoire du vélo et de la bicyclette à travers le langage
La bicyclette, objet de luxe
Le mot bicyclette est dérivé de l’anglais « bicycle« . Le mot apparaît en 1880 et désigne alors un moyen de transport réservé aux hommes fortunés: le légendaire Grand Bi. Avec sa grande roue, il permet au cycliste d’accéder au rang du cavalier: une posture de domination par rapport à la foule à pieds.
À bicyclette, on recherche donc avant tout l’élégance. La posture, très droite, réfute la fonction bassement utilitaire du véhicule. Dans cette pratique bourgeoise et raffinée, les analogies à l’équitation sont nombreuses pour vaincre le snobisme anti-mécanique. La bicyclette devient une monture que l’on conduit avec des rênes (guidon), des étriers (pédales) et que l’on promène à la main. De cette analogie, l’usage actuel a conservé le terme « selle ».
Ce n’est qu’autour des années 1890, avec la démocratisation de la bicyclette, que les premiers diminutifs familiers apparaissent, tels que « bécane ».
Le vélocipède, auto du pauvre
Le vélocipède, quant à lui, désigne d’abord une voiture véloce tirée par des chevaux puis, par dérivation, un engin à 2 ou 3 roues. Le terme est issu du latin « velox » (vif, agile) lui-même dérivé du verbe « vegere » (donner du mouvement ou de la force).
Abrégé en « vélo », le vélocipède devient très vite « l’auto du pauvre »*, instrument des classes populaires pour se déplacer ou pour les courses cyclistes.
Le « vélocipédard » recherche l’efficacité et la vitesse par opposition à la pratique bourgeoise. Les jeunes coureurs cyclistes sont, pour la plupart, issus des classes populaires. Ils cherchent l’aérodynamisme, la vitesse, dans le but de remporter une victoire qui déboucherait sur la signature d’un contrat professionnel avec une maison de cycles.
« Vélo, macho, prolo », « bicyclette, midinette, suffragette ». D’un côté un moyen de transport pour aller à l’usine, les courses cyclistes. De l’autre, la monture des classes raffinées. Un clivage qui date du début du XXe siècle.
Quand le VTT réconcilie les genres…
Le VTT apparaît dans les années 1980, en Californie. Ce nouveau sport séduit hommes et femmes, toutes catégories sociales confondues. Un premier pas vers la rupture d’un clivage historique?
Parallèlement à l’émergence du VTT, la pratique du vélo urbain transcende la lutte des classes comme la rivalité des sexes. On lui attribue un ensemble de qualificatifs: « populo », « intello », « écolo », parfois « bobo ».
Et aujourd’hui? Vélo ou bicyclette, vélo et bicyclette? D’aucuns attachent toujours au vélo une connotation sportive, par opposition à la bicyclette, plus urbaine. D’autres s’en tiennent à l’usage du terme « vélo », par commodité ou dans la continuité de l’usage historique du terme.
Pour Phillipe Delerm, le vélo serait même le contraire de la bicyclette: « c’est le contraire du vélo, la bicyclette. Une silhouette profilée mauve fluo dévale à soixante-dix à l’heure: c’est du vélo. Deux lycéennes côte à côte traversent un pont à Bruges: c’est de la bicyclette. » (extrait de Première gorgée de bière et autres plaisirs minuscules). Une distinction dans laquelle vous vous retrouvez?
Source: Cahiers de médiologie n°5: La bicyclette.
Crédit photo: Roving Eye 365 – ©Creative Commons.
Michelle Biet
Pour moi c’est le vélo pour tout faire j’ai remis ma voiture pour un Brompton comme j’habite sur les hauteur je prend le bus pour revenir chez moi
Delahaye JP
En faite, le velo (ou bicyclette) n’a pas besoin de pedales pour descendre…. l’interet c’est les pedales pour monter …. sinon il (ou elle) n’a aucune raison d’exister ….
Un bon sujet de philo
Un VTTiste🤪