L’oeuvre du corps, la part du mental
La préparation mentale, ça vous parle ? Tenir jusqu’aux derniers coups de pédale après avoir avalé des dizaines de kilomètres dans le froid, sous la pluie … Ne pas céder sa place à quelques minutes de l’arrivée, persister, tenace, jusqu’au sommet du col, qui semble reculer, à chaque coup de pédale, … Poursuivre, coûte que coûte, malgré les crampes, le zéro jambes, la perte de confiance, … Vous me suivez n’est-ce pas ?
Un grand voyage à vélo, un objectif de distance ou de dénivelé, une cyclosportive, ce sont des challenges personnels, … Et dans ces cas-là, la force physique, c’est une chose, l’endurance et l’entraînement, tout ça. Mais le mental … Sans lui, on ne va pas si loin. En fait, sans le mental, on arrive pas au bout de soi.
[N.D.A.] Cet article ne s’adresse pas aux grandes sportives, qui ont tendance à pratiquer très bien la préparation mentale, indispensable à leurs performances. Quoique : ce n’est bien souvent pas le cas, en fait. Non, j’ai rédigé ce texte en songeant à mes soeurs d’effort : à celles, tout aussi valeureuses, courageuses et exemplaires, qui, un jour, prennent du temps pour elles, le temps de se dépasser, d’affronter une peur, un obstacle, une épreuve qu’elles se pensaient incapables de surmonter.
Mental, Ventoux, Edelweiss
Le mental, au degré zéro, c’est notre capital dignité. Appelez ça de l’orgueil si vous préférez. C’est la petite voix qui fait boussole, quand tu grimpes le Ventoux pour la 1e fois, que des cols, t’en a pas vraiment fait beaucoup (voire, pas du tout) et que des longues distances et du dénivelé, avec les gamins, le boulot et tout le reste, c’est rare comme les edelweiss ou comme un ciel sans nuage en Belgique (et je sais de quoi je parle). Et donc ton 1e Ventoux, le matin, au petit déjeuner, il se joue déjà dans la tête, dans le mental. Celles qui ont fait le stage récemment peuvent vous en parler.
Tout commence là, d’ailleurs. Avant même de caler les chaussure dans les pédale, dès le petit déjeuner, dans le silence et la concentration, chacune, dans sa tête, est déjà sur son vélo, au pied du col, au chalet Reynard. C’est ça aussi la préparation mentale. Qui s’ajoute à la préparation physique.
La préparation mentale, ce n’est pas que pour les sportifs haut niveau
Le rôle et l’impact de la préparation mentale est certes déterminante pour les grands sportifs. Mais elle a son importance aussi chez les pratiquants débutants. Ainsi une étude effectuée auprès de plongeurs sous-marins débutants (Terry, Mayer et Howe, 1998) a démontré que par comparaison avec un groupe d’hommes-grenouilles sans entraînement, les plongeurs mentalement préparés arrivent :
- à diminuer leur anxiété,
- à augmenter leur confiance en soi,
- à diminuer leur rythme respiratoire
- et à améliorer leurs performances.
La préparation mentale présente une utilité quel que soit le niveau d’expertise dans l’activité sportive.
Source : Questions sur la préparation mentale (IRBMS)
La part du mental dans l’épreuve
Concentration, gestion des émotions, contrôle de soi positif, motivation, estime de soi, confiance, … Chacune a ses mots pour évoquer, subjectivement, ce qu’est son « mental » ou sa « préparation mentale ». Chacune ressent autrement ce dont elle croit manquer le plus au cas où elle devra se dépasser sportivement. Et on comprend : il suffit de consulter la carte du mental, représentée dans l’ouvrage « Champion dans la tête » pour confirmer que le mental, c’est tout un univers !
Préparation mentale dépassement de soi
Quelle part joue la préparation mentale, quel est son rôle dans l’atteinte de notre objectif, lors d’une activité vélo qui nous demande un dépassement de soi. Et à ce propos quelle différence fait-on entre dépassement de soi et accomplissement de soi. Car personne ne le niera : le mental a une influence sur notre réussite. Il suffit de se rappeler la 1e fois qu’on a atteint un tel but : on acquiert une force, une estime, un sentiment de valeur et d’exploit, qu’on plus jamais, on ne nous enlèvera. Et qui contribuera à renforcer notre mental, pour la prochaine fois.
Envie d’évaluer votre force mentale ?
Connaissez-vous le test d’Antoni Girod, évoqué sur le site de l’IRBMS ? Il permet de connaître vos points forts et vos points faibles, et de définir la force mentale d’un groupe. Téléchargez le test et évaluez-vous !
Dépassement ou accomplissement ?
Se dépasser physiquement ce n’est pas que physique. Ce n’est pas seulement fournir un effort momentané qui semble impossible à atteindre. C’est même avant tout un état d’esprit, une façon de voir. De croire. En soi. C’est une détermination à repousser ses limites (qu’on ne connaissait peut-être pas, et au-delà desquelles on a aucune vision).
Le dépassement de soi, c’est ne pas abandonner là où on sait qu’on est en train d’accomplir quelque chose de soi.
On ne sait pas à quel degré de difficulté on se trouve de la réussite, à quelle distance, à quel niveau de souffrance. Et c’est souvent, cette ignorance, qui a raison de notre mental : le fait qu’on ne sache pas.
Quand on ose, on gagne
Ce qui est sûr, par contre c’est que celle qui osera faire un tout petit peu plus gagnera toujours : sur l’idée qu’elle ne pouvait pas le faire, sur ses doutes, sur sa fragilité. Quand on fait taire nos blocages, quand on dompte la douleur, qu’on fait abstraction des émotions négatives pour se concentrer sur son but, sa motivation, son mental, on a déjà gagné.
[Crédit photo] Erik Dungan sur Unsplash