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Ville durable et vélo: pour les femmes, c’est zéro

Ville durable et mini-vélo pliant: branché et polyvalent

Ville durable et vélo: pour les femmes, c’est zéro

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À qui profite la ville durable ? Moins aux femmes qu’aux hommes, manifestement. Pourquoi ? Les villes sont gérées par les hommes, les femmes y ont moins d’emprise spatiale et les aménagements urbains subissent les biais d’une gestion androcentrique.

On vous a déjà parlé des enjeux de la pratique du vélo en milieu urbain et du rôle du vélo dans la cohésion sociale. Enfonçons le clou — ou plutôt projetons ce vélo utile dans la ville de demain, voulez-vous ?

D’après une analyse datée de 2015, signée Yves Raibaud, la ville durable est profondément inégalitaire. Et donc pas si durable au final. Ce constat, il l’opère sur la base d’études et recherches, effectuées notamment sur la ville de Bordeaux.

L’innovation en matière d’aménagement de la ville vient surtout de réseaux masculins, peut légitimement être suspectée de favoriser les modes de vie masculins, présentés comme universels et relevant du domaine public, et d’occulter les modes de vie des femmes, présentés comme particuliers et relevant du domaine privé.

Du point de vue du genre, la ville apparaît inégalitaire, en effet. Pour plusieurs motifs :

  • la ville demeure profondément androcentrique, parce qu’elle est surtout gérée, organisée et conçue par des hommes. Les femmes sont peu nombreuses aux postes clés : élus, architectes, urbanistes, directeurs des services d’équipements, concepteurs des programmes urbains sont des hommes.
  • les études empiriques montrent que les femmes ont une moindre emprise spatiale sur la ville et rationalisent leurs déplacements en fonction de leurs obligations — domestiques souvent.
  • les programmes d’aménagement urbain pour une ville durable réservent des pans entiers de la ville aux hommes (stades sportifs fréquentés exclusivement par des hommes, skateparks, par des garçons, …) Imaginerait-on ce type d’équipement et de dépenses publiques pour un public exclusivement féminin ? On a la réponse à cette question : pourquoi les filles disparaissent-elles des loisirs publics à partir de la classe de 6e ?
  • la ville est marquée matériellement par des espaces et des équipements qui séparent le monde des femmes et le monde des hommes, l’espace privé et l’espace public.

Réchauffement climatique, ville durable et égalité

Quelles sont les mesures généralement prises pour favoriser la ville durable et minimiser la pollution ?

  • La pénalisation du trafic automobile intra-urbain,
  • L’encouragement du deux-roues motorisé, du vélo et de la marche à pied,
  • La promotion des transports en commun : tramway, covoiturage, …

Mobilité et vulnérabilité au féminin

Or les femmes seraient, une fois encore, défavorisées par ces mesures, aussi bien en raison des tâches qui leur sont majoritairement dévolues (accompagnement des enfants, des personnes âgées, courses, etc.), que par leur plus faible habileté à gérer des mobilités alternatives (vélo, p.ex.), ou encore du fait de leur vulnérabilité dans l’espace public (crainte de l’agression dans certains quartiers et/ou la nuit).

Sans parler du fait que pour nombre d’entre elles, plus qu’un outil de mobilité, la voiture représente un moyen de protection pour affronter la nuit. Les seniores s’y verrouillent. Les mamans y transportent leurs enfants pour les protéger des dangers de l’espace public.

Et le vélo dans la ville durable, inégalitaire lui aussi ?

Les femmes ne bénéficient donc pas du même accès à la pratique du vélo que les hommes. Les principaux obstacles évoqués sont liés à leur « condition féminine ».

Qu’en est-il de la pratique du vélo dans les villes durables ? Est-elle la même pour les femmes et les hommes, en termes d’usage et d’accessibilité ? Les statistiques disponibles (produites par les villes, associations ou le ministère de l’Écologie et du Développement durable) se rejoignent : les cyclistes urbains seraient répartis entre 60% d’hommes et 40% de femmes.

Mais cette différence se creuse dans les cas suivants :

  • par temps de pluie
  • la nuit,
  • les matins d’hiver
  • les soirs de week-end
  • à l’arrivée d’un deuxième enfant

D’autres éléments sont évoqués par les femmes :

  • la question de la « tenue professionnelle exigée » : quand  jupe ou tailleur, talons, coiffure et maquillage s’imposent implicitement au travail (peu compatible avec la pratique du vélo).
  • le manque d’aisance et la crainte de tomber ou de se faire renverser ;
  • l’embarras que représenterait une « panne » (déraillement, crevaison).
  • des menaces d’agressions par les autres usagers de la route (automobilistes, piétons, cyclistes) : réflexions, moqueries, sifflets, comportements sexistes ou misogynes, qui ne sont pas spécifiques à l’usage du vélo.

Comment concevoir des villes durables ET égalitaires ?

Comment donc et où se décident les nouveaux usages de la ville ? Comment se mettent en place les « changements de comportements » nécessaires à cette transition vers une ville que ses promoteurs décrivent comme « douce », « calme » « apaisée » et ce, sans discrimination de genre ? Il semblerait que la question demeure entière.

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Je suis la fondatrice et l’éditrice de ellesfontduvelo.com, et la cyclo-gimmick de la bande. 5 vélos (Bianchi, Canondale, Kona, Wilier et Brompton), mon coeur bat pour les braquets et le moulin. J’ai pratiqué beaucoup, un peu, passionnément. Ai procrastiné longtemps aussi. Et prépare un grand retour à mes premières amours: le vélo. Et plus particulièrement le vélo de route. Et le pliant. Et le weehoo pour mes enfants.

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Commentaires (1)

  • Vélio

    Je suis surpris (mais je suis un homme donc est-ce vraiment surprenant, bref) je suis surpris parce que le matin en velotaf je croise plus de femmes à vélo, seule ou avec un cargo avec les enfants dedans. Je voyais la chose plus féminine que masculine…

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