Ascension du Ventoux à vélo: apprivoiser le Géant de Provence
L’ascension du Ventoux à vélo, un défi pour certains, un rêve pour d’autres. Mulinsport vous raconte comment elle a apprivoisé ce Géant de Provence.
L’ascension d’un col mythique vous tente? Bien connu, défié et magnifié à la fois, il suscite le respect… Il vous attend du haut de ces 1912 mètres: Sa Majesté le Ventoux.
L’ascension du Ventoux, un mythe
Le Ventoux est une montagne magique qui ne se laisse pas séduire facilement. Nous nous entraînons de façon spécifique, on ne laisse rien au hasard… Mais seul lui décide du résultat. L’humilité est de rigueur.
Le Mont Chauve à une renommée presque légendaire. Quel(le) cycliste chevronné(e) n’a pas eu envie de le gravir au moins une fois? Je dirais même le dompter: l’ascension du Ventoux ne se prépare pas à la légère. Le climat et surtout le fameux Mistral qui peut y souffler à plus de 100km/h (le record venteux est de 300km/h!) annuleraient toute tentative de record. La chaleur, en période estivale, est aussi l’ennemi du chrono. Et ne parlons pas du froid, en hiver… Son ascension est impossible jusqu’au sommet.
Si vous recherchez à accomplir une prouesse, ce n’est certainement pas en hiver qu’il faudra prévoir ce challenge. Les mois de mai, juin, et août semblent être les meilleures périodes. De plus, en bon internaute, vous avez la possibilité de consulter des sites de météorologie assez fiables qui ne laisseront pas de place à l’imprévu. Détail important: pensez à emporter avec vous un coupe-vent, des manchettes, qui seront salutaires pour la descente.
La montée par Bedoin (côté sud)
Bedoin en bref:
- 21,5 km de montée à 7,5% de moyenne et 11% maximum
- 1610 mètres de dénivelé
- sommet à 1912 mètres
Chaque année, vous avez la possibilité de gravir le Géant, soit fin mai, soit début juin, version chronométrée. C’est un bon moyen de faire un chrono officiel, pour ceux et celles qui se sont lancé un défi. Cette épreuve est idéalement bien placée, seul l’inévitable Mistral peut être au rendez-vous.
Le départ se fait de Bédoin (la fameuse ligne blanche au sol en face l’ancienne cave). Le revêtement a été refait il y a quelques années, ce qui offre un meilleur rendement. Les 6 premiers kilomètres sont les plus faciles, de Bédoin à St Colombe. La pente est plus douce, 4,3% en moyenne. Le fait d’être groupé jusque-là donne une impression de facilité, certains n’hésitent pas à « mettre la plaque » pour soi-disant gagner du temps, à mon avis cette initiative est délétère car on peut y laisser des plumes… D’ailleurs, concernant le braquet à utiliser prévoyez un triple avec une cassette de 13X28 si vous êtes un(e) cyclotouriste. Pour les plus aguerri(ies), les cyclosportifs(ves), il faudra prévoir 39X21/23/25/27 ou mieux un compact 34/36X19/21/23/25.
Que la véritable ascension commence…
À partir des Bruns, juste avant St Estève commence la véritable ascension. Après le virage, on rentre dans le vif du sujet: la pente s’élève subitement à 10,5%. Les 9 kilomètres qui mènent au Chalet Reynard sont les plus abrupts, 9,3% en moyenne. Le groupe ici commence à s’effilocher et nous nous retrouvons à lutter contre le temps et nous-mêmes. Nous nous concentrons sur notre pédalage, sur notre cardio-fréquencemètre, histoire d’oublier la difficulté. Il est nécessaire de bien s’hydrater, une boisson glucosée ou jus de raisin. Quelques pâtes de fruits, ou gels glucosés vous permettront de maintenir votre glycémie.
Il est important d’essayer de maintenir une allure régulière sans à-coups. Ne vous occupez pas de ceux qui vous dépassent, gardez votre rythme surtout si vous flirtez avec vos pulsations maximales. En revanche, si vous avez des cyclistes en point de mire et que vous sentez capables de les rattraper, ne vous gênez pas. Moralement c’est toujours mieux.
Les derniers kilomètres, pas des moindres
À partir du Chalet Reynard, le paysage change littéralement. Vous passez de l’ascension forestière à l’abri, à un paysage désertique, lunaire avec ses lauzes blanches, beaucoup plus hostile. Si le vent souffle, il faudra être vigilant. L’illustre col des tempêtes (1841 mètres) vous le rappellera. Il vous reste 6 km, mais pas des moindres avec un pourcentage moyen de 7,6%.
Les trois premiers kilomètres semblent plus faciles vu que vous venez de gravir pratiquement 10 kilomètres à prés de 10% en moyenne. C’est l’occasion de vous ravitailler une fois de plus. Prenez garde aux trois derniers kilomètres plus escarpés, vous vous rapprochez de plus en plus de l’observatoire, il paraissait si inaccessible d’en bas. L’ultime virage et voilà vous y êtes, heureux (se) de l’avoir gravit. Vous ressentez une certaine fierté de l’avoir apprivoisé et là vous vous dites: « je reviendrai »…Et vous pouvez également le gravir sans rechercher le chrono!
Résultat: heureuse, tout simplement!
Le Géant de Provence m’a toujours fasciné, obnubilé. C’est en fin de carrière (athlétique) que l’idée de le gravir m’a obsédé. La montée par Bedoin me convient beaucoup plus que celle par Malaucène, contrairement à beaucoup de cyclistes. Je considère le versant nord plus éprouvant car beaucoup de paramètres (changements de rythme, route large) ne me permettent pas de m’exprimer.
Ayant toujours l’esprit de compétition, c’était donc le chrono qui me taraudait. En 2004, je l’ai gravi deux fois en 1H26. Puis en 2006, j’ai appris qu’il existait une montée chronométrée (montée sèche), officielle. Résultat: 1H22 minutes et 10 secondes. J’ai beaucoup apprécié les encouragements de deux coureurs durant les derniers kilomètres très ventés, ce qui m’a permis de ne pas faiblir, avec l’élégance de me laisser franchir le sommet juste devant eux.
Le 27 mai 2007, je réitère. Là, les conditions météo étaient excellentes. Il pleuvait, une pluie fine qui n’était pas gênante. Pas un souffle d’air. J’étais en avance à tous mes temps de passage: St Estève en 12 minutes 34, le Chalet Reynard en 54 minutes, résultat final 1H19 minutes et 21 secondes avec un braquet inférieur à celui de 2006: 36X21/23/25 au lieu de 39X23/25. J’étais heureuse tout simplement. Petit à petit je l’apprivoisais. Petit à petit « IL » m’acceptait. Le lendemain le sommet était recouvert de neige, comme pour effacer les traces.
Bien à vélo by Mulinsport
Alors mesdames, ce récit vous a donné envie de vous lancer dans l’ascension du Ventoux à vélo? Partagez-nous votre expérience!
Tauleigne
Bravo pour votre performance et félicitations pour ce compte-rendu d’observations sur le Mont-Ventoux. Effectivement, il ne s’abandonne pas aux cyclistes sans leur opposer une vraie résistance. Pour l’avoir grimpé 104 fois par les trois cotés proposant une route goudronnée et par divers sentiers, je suis de votre avis concernant »la face nord ». Ses nombreuses ruptures de pentes en font une ascension piégeuse.
Ayant pratiqué le cyclotouriste, le cyclo-camping et visité quelques pays d’Europe, je me permets de vous proposer, si cela n’est pas déjà fait, trois cols que je trouve parmi les plus beaux.
En France: L’Iseran par Bonneval sur Arc.
En Italie: le Stelvio
Toujours en Italie, celui dont le parcours et l’ambiance m’ont transporté au-delà du rationnel:
*La Lombarde en passant par le monastère de Santa Anna.
Bonne continuation et bonne route.
titine la cyciste
Bravo pour votre très joli commentaire. Je suis dans un club depuis 20 ans, et montée le Ventoux 34 fois, je le monte à mon allure, j’ ai essayé les trois côtés, je recherche pas le chrono, je le monte en 2h45mn et je suis contente lorsque j’ arrive au sommet.
Bonne continuation