Single Speed World Championship: le VTT en mono-vitesse!
Un championnat du monde de VTT mono-vitesse, déguisé et complètement déjanté! Le récit de Laura lors de sa participation en Afrique du Sud en 2012.
J’ai participé à cette course complètement déjantée en 2012, en Afrique du Sud. Voici mon récit. En espérant que ça donne envie à certaines.
Table des matières
Franchir le pas du mono-vitesse
Pourquoi le Single Speed?
La préparation
Le trajet
L’ambiance
La course
Les résultats
Mes conseils
Franchir le pas du mono-vitesse
27 septembre 2012, ça y est! Le moment tant attendu est arrivé, il faut partir. J’ai hâte. Partir où? Pour faire quoi? Et comment? Petit retour en arrière pour comprendre…
Expatriée en Afrique du Sud à l’époque, je m’étais constitué un sympathique réseau de « commuters » et VTTistes sud africains. Ces derniers tentèrent de me convertir à leur religion particulière (parmi d’autres): celle du VTT single speed (SS, pour les intimes). Sceptique, je laissai néanmoins germer dans un coin de ma tête cette idée farfelue. Lorsque j’entendis parler du championnat du monde de VTT single speed (single speed world championship in english ou SSWC), qui avait lieu en Afrique du Sud, j’ai sauté sur l’occasion pour franchir le pas du mono-vitesse et participer à cette course complètement déjantée, qui ne ressemble à aucune autre.
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Pourquoi le Single Speed?
- la simplicité
- le silence*
- le poids
- et surtout le prix!
Et puis une fois qu’on s’y met, on se demande à quoi peuvent bien servir les galettes supplémentaires du tout dernier tout suspendu 150 mm en carbone équipé Sramano XOTR du voisin.
*pas de changement de vitesse, pas de dérailleur mal réglé, pas de chaine qui tape sur les bases…
La préparation
Première étape ? Trouver un déguisement original puisque c’est une course costumée, sans oublier qu’il faudra pouvoir pédaler. Ensuite, n’étant pas certaine d’apprécier le Single Speed, je me suis mis à la recherche un bon VTT mais pas cher (comme tout le monde, je ne m’appelle pas Cresus). Pas facile à dénicher, surtout en petite taille. Je n’ai trouvé mon futur bébé que 2 semaines avant la course.
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Le trajet
Habitant à quelques 1 400 km du lieu de la course, il me fallait trouver un moyen pour y aller. Je me retrouve donc dans un monospace bien rempli qui traîne une remorque avec pas moins de 12 VTT du plus bel effet, sur un air de punk, jazz, pop, rock, Céline Dion,… Les discussions tournent autour du genre de nos vélos (j’apprends que les hommes ont plutôt des vélos femelles), d’histoires vécues complètement folles et de « quand est ce qu’on mange? ».
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L’ambiance
Sur place, 3 mots peuvent résumer l’ambiance: bière, burger et Single Speed.
On est loin des courses XC et il est interdit de se prendre au sérieux. Ici, les poils aux jambes sont de mise et la bière est la base des ravitos! Tu ne trouveras ni eau, ni abricots secs et encore moins de boissons énergétiques : seulement des bières. Et gare à celui qui tente de passer sans boire le verre que lui tend gentiment l’un des nombreux bénévoles. Sinon, c’est un gage : tu dois enlever ta roue avant et faire deux tours du bâtiment en courant!
J’apprends cela à la soirée d’avant course, à laquelle est également élu le pays organisateur de l’édition suivante. Plusieurs pays étaient en compétition, et leurs équipes devaient s’affronter et remporter le plus de défis: enfiler le plus rapidement un T-shirt mouillé puis congelé; ou coiffé d’un podomètre, atteindre le plus gros score en secouant la tête façon Oui-oui pendant une minute, sur une douce musique d’ACDC. J’en passe et des meilleurs. Cela n’a pas suffit à départager l’Italie et les USA. C’est un tire à la corde après la course entre les deux équipes, aidées par leurs supporters, qui a permis de décréter l’Italie terre d’accueil du SSWC 2013!
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La course
3, 4 sorties m’ont permis de m’adapter à cette nouvelle manière de rouler. C’est comme de redécouvrir nos chemins préférés. Et d’oublier ses réflexes de fainéant (mettre une dent de plus quand ça monte par exemple). Je peux dire que c’est physique! Les cuissots flageolent, les poumons sont malmenés et mon cœur asticote ma cage thoracique dans tous les sens. Quoi? 40 km la course? Ah ouais… ça ne va pas être si facile!Le départ: un grand moment. On pose nos vélos et on se place tous ensemble 150 mètres plus loin, pour faire genre 24h du mans. Un 1er départ privilégie ceux qui osent se mettre à poil (2 ont osé), suivi de quelques secondes par les filles (habillées), et enfin, la bande d’enragés. Pendant la course pour aller récupérer son vélo, des organisateurs tentaient d’attraper les coureurs, et certains vélos avaient été déplacés par des fées malicieuses. Une fois sur le vélo, on pense que la course est lancée, mais les vicieux organisateurs nous ont dirigés vers un pré à vache pour tourner autour de plots. Nous n’en pouvions plus d’attendre la délivrance. Après plusieurs (longues) minutes à tourner, une porte s’est enfin ouverte, libérant la meute. C’est parti!
Le parcours? Un des plus beaux circuits que j’ai jamais fait! 40 km de single tracks de terre, tout en courbe, petits zigzags, le long d’une rivière, autour des arbres, etc. Super ludique, un réel plaisir. Et pour ne rien gâcher, des paysages et une nature à couper le souffle. Certains ont même aperçu des girafes et des zèbres. Bref que du bonheur.
Le départ n’étant pas au camping, les organisateurs ont donc prévu une liaison dans des camions à bestiaux. La colline en face est le point culminant de la course dont on aperçoit la vue sur la ci-dessus.
Retour au sommaireLes résultats
Ce n’est pas une course prise de tête, donc pas de chrono, ni classement. Il y a tout de même 2 vainqueurs: le 1er homme et la 1ère féminine.
Le trophée? Non, point de coupe ou médaille prend-la-poussière, non : un tatouage de l’effigie de la course! Un vrai de vrai, indélébile, que tu gardes toute sa vie!
Les vainqueurs peuvent tout de même choisir la taille et l’emplacement de ce marquage permanent. La victoire est donc revenu aux sud-africains Amy Beth McDougall chez les féminines et Burry Stander chez les hommes. Burry Stander était un champion de VTT, il faisait partie des 10 meilleurs crosseurs au monde! Au grand malheur de la communauté cycliste internationale, il est décédé tragiquement quelques mois plus tard, dans une collision avec une camionnette. Il n’avait que 26 ans. Et avait fait tellement pour développer le cyclisme sud-africain… #ride4burry
Les « champions » : le charismatique, et regretté, Burry Stander et Amy Beth McDougall à qui on tatoue leur trophée, juste après avoir franchi la ligne.
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Mes conseils
Tu en as l’eau à la bouche? Tu as envie de tenter l’aventure? Mais tu ne sais pas quel vélo prendre? N’investis pas dans un 29 pouces dernier cri dédié au SS. Il suffit de dépoussiérer ton 1er amour de vélo, il trouvera une seconde jeunesse. Tu auras juste à investir dans un tendeur de chaine. Les vélos à vitesses sont acceptés si tu fixes tes shifters, mais un vélo sans vitesse est bien plus joli. Question développement, ça dépend de ta condition physique et de là ou tu roules. Quelle vitesse mets-tu le plus souvent? Le rapport 32 dents à l’avant avec un pignon de 18 dents semblait être un bon compromis pour la majorité. Tu as des roues 29 pouces, 27.5 et autres fantaisies? Je te laisse faire le calcul pour convertir ce développement. Enfin, n’oublie pas de faire quelques sorties avant, parce que ça peut surprendre!
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Retrouvez en ligne toutes les infos sur le prochain championnat du monde de VTT en Single Speed au Japon!
Alors, prête à enfourcher votre VTT en mono-vitesse et participer à une course déjantée?
Crédits Photo: Glen P
Muriel Maupas
Laura, pourquoi ne pas tenter les 24 heures Sud-Gironde VTT à Uzeste (33). un super défi seule ou à plusieurs et pourquoi pas déguisée(s)